Mon inévitable boycott de la coupe du monde au Qatar
Yann Riché
⭐ Activateur du développement 🎯 Coach d'entrepreneurs et dirigeants - Facilitateur en co-développement- Formateur - 📸 Photographe
Le Qatar accueille la coupe du monde de football du 20 novembre au 18 décembre 2022, et pour la première fois de ma vie, je me passerai de la regarder. Ce n'est ni un choix difficile, ni un choix facile, simplement une décision raisonnée, celle qui vise de passer de la protestation à l'action.
Nous ne sommes pas responsable du choix du Qatar pour accueillir la coupe du monde 2022, c'est bien la FIFA avec l'appui de politiques, dont Nicolas Sarkozy, qui ont choisi de produire cette coupe du Monde.
Les protestations à l'issue de cette annonce en 2010 n'ont pas suffit, un écho trop faible dans les médias, et puis pour tous, sans doute, il faut laisser la place au doute, aux promesses du Qatar de faire évoluer son droit du travail, et de voir comment le Qatar gère ses travaux. Les conséquences ne sont malheureusement pas surprenantes.
D'abord au moins 6750 morts pour les constructions liées au mondial, chiffre révélé par The Guardian et sans doute sous évalués. Ensuite le Qatar dispose d'une population de 3 millions d'habitants et maintenant des stades voués à rester inutiles la plupart du temps. Enfin l'impact carbone qui sera considérable, et il faut aujourd'hui en tenir compte, il est vrai que pour la Qatar, brûler du pétrole ça fait parti du "business model". La performance de gérer 160 vols quotidiens pour permettre au Mondial de se tenir dans une région qui ne joue pas au foot, dont le climat n'est évidemment pas adapté au vert d'une pelouse, est "admirée" alors que évidemment cela n'a pas de sens.
Des gens de droite, et des gens de gauche, disent, malgré leurs combats contre les conséquences catastrophiques de ce mondial, que le foot, la passion du foot est plus forte que tout, que les joueurs ne sont pas responsables de ce qui se passe et qu'eux ne pourront pas finalement lutter contre l'envie du match.
Ainsi les contestations sont là, mais personne n'est responsable, à part la FIFA, le Qatar, et quelques hommes. Est-ce la réalité ?
Devons nous nous plier aux choix de quelques hommes ? Devons nous être les otages de nos passions ?
Pour beaucoup le boycott ne sert à rien, car le coup est parti et la coupe du monde aura lieu. C'est un fait.
Ce raisonnement ne tient pas, car la coupe du monde fonctionne grâce aux droits TV et aux sponsoring. Un boycott même partiel est la garantie de résultats moindre et de peser contre la Fifa pour qu'elle change ses façons de gérer la coupe du monde, mais de façon aussi plus générale en s'attachant à réformer le foot et les salaires du foot.
Rester otage de notre passion foot, c'est un choix, libre, consenti, celui de continuer à donner du crédit à la Fifa, au Qatar, à la folie de l'exploitation des hommes, à la folie financière, à la folie écologique,
Que disons nous à nos enfants du monde quand nous leurs donnons à voir leurs stars internationales jouer dans un cimetière ?
Ce n'est pas un abus de langage, c'est un précipice, un ouvrier Népalais vient au Qatar pour gagner 275 dollars au mieux, sans droit, sans syndicat, et avec le risque de vol de son salaire par son patron, peut être celui de mourir, peut être revenir avec des maladies professionnelles, pour que les millionnaires viennent jouer au ballon sur une pelouse verte en plein désert, devant un public de privilégiés. J'ai oublié dans cette liste les soupçons de corruption, ce mal qui tue la confiance.
Voilà ce que nous devrions dire à nos enfants, youpi, un chouette moment en perspective, et évidemment une grande leçon de cynisme.
Nous avons le choix de tourner le dos à cette coupe du monde, pour influencer les choix futurs, ceux de la Fifa, ceux des politiques, ceux des sponsors et ceux des diffuseurs.
Je n'ai aucune illusion, le film "Don't look up" l'a très bien mis en scène, si nous ne sommes pas directement concernés, la course du monde et de l'univers ne nous mène que rarement à l'engagement. Pour autant si aujourd'hui nous sommes quelques milliers, quelques dizaines de milliers, cela a du sens au moins pour nous, celui d'être convaincu qu'il faut agir, celui de protester contre un système qui nous mène dans l'abîme, abîme moral, abîme éthique, abîme social et climatique.