La fin du Journal de l’Ile : des politiques réunionnais réagissent

Le Journal de l'Île (JIR)
Suite à la disparition du JIR, le Journal de l’Ile de La Réunion, des politiques locaux réagissent. Mercredi 31 juillet, le tribunal de commerce de Saint-Denis a prononcé la liquidation judiciaire du journal et de ses sociétés associées. Les 75 salariés se retrouvent au chômage.

Les 75 salariés du Journal de l’Ile ont perdu leur emploi du jour au lendemain. Mercredi 31 juillet, le tribunal de commerce de Saint-Denis a prononcé la liquidation judiciaire du journal et de ses sociétés associées (JIR OI, Clicanoo, Recto verso, Régie espace publicitaire et Distrib presse OI). Le JIR existait depuis 1951 et était ancré dans le quotidien des Réunionnais. Sa disparition est aussi un séisme pour l'histoire de la presse réunionnaise après 73 ans d'informations.

 "Le risque de voir la désinformation l'emporter"

Plusieurs personnalités politiques locales réagissent. Pour le député, Philippe Naillet, cette liquidation du JIR est "un recul pour le droit à une information objective », mais aussi « un drame social avec la suppression de 75 emplois".

Selon lui, La Réunion ne doit pas être "condamnée à un seul son de cloche », ou à « être un territoire sous informé". Il estime que le risque aujourd’hui est "de voir la désinformation l’emporter". Il ajoute qu’à l’avenir, il soutiendra "tout initiative ou projet réunionnais visant au pluralisme et à l’indépendance de l’information sur notre territoire".

"Dommageable pour la démocratie"

Le député, Joseph Rivière, déplore aussi la disparition, avec le JIR, "du pluralisme, de la liberté d’expression, ce qui est fortement dommageable pour la démocratie". "Mes plus sincères encouragements vers ces travailleurs d’hier qui vont vers d’autres difficultés du lendemain", écrit Joseph Rivière.

"Des motifs exclusivement économiques"

De son côté, la Région Réunion écrit que "la liquidation du Journal de l’île ne laisse personne indifférent". Elle déplore aussi "une mauvaise nouvelle pour le pluralisme d’opinion dans la presse réunionnaise". La Région ajoute que "cette liquidation, prononcée par le tribunal de commerce, est exclusivement due à des motifs économiques. Le montant du passif, évalué à plus 9 millions d’euros, accumulé sur plusieurs années, a fermé la porte à toute possibilité de sauvetage et de redressement". 

Cette réalité économique est impitoyable et conduit à nous interroger sur le modèle économique de la presse écrite dans un monde des médias totalement bouleversé par Internet et le numérique.

La Région Réunion

Elle espère "qu’un nouvel investisseur puisse se manifester et être en capacité de reprendre le Journal de l’île afin d’assurer la continuité de ses activités".

"Un regard et une expertise"

Le président du Département, Cyrille Melchior, salue de son côté "le travail, et toute la détermination et l’esprit de conviction des équipes dirigeantes et des personnels, durant ces 73 années, pour veiller à ce que le JIR puisse demeurer un média d’information libre et indépendant contribuant au pluralisme de la presse à La Réunion".

Il ajoute que le "JIR a participé au dynamisme démocratique de notre territoire, informant la population sur l’actualité locale, nationale et internationale, avec le regard et l’expertise de journalistes et photographes de talents qui ont pleinement contribué à la vie, au développement et à l’ancrage de ce média".

"Un pan de l'Histoire s'éteint"

Le président de l'association des maires de La Réunion, Serge Hoareau, "souhaite aux 75 salariés et à leurs familles d'affronter cette épreuve avec tout le courage et l'abnégation nécessaire afin de pouvoir rebondir au plus vite et au mieux dans leur vie professionnelle". 

L'autre conséquence de cette décision est que nous perdons un média historique qui a largement participé à écrire l'Histoire moderne de La Réunion. C'est un pan de cette histoire qui s'éteint et, avec lui, une idée du pluralisme de la presse puisqu'il n'y a désormais plus qu'un quotidien papier

Serge Hoareau

 "La démocratie repose sur le pluralisme des médias"

Pour Ericka Bareigts, la maire de Saint-Denis, "la presse écrite réunionnaise perd une partie de son histoire". "Des familles entières se retrouvent laissées pour compte, et des professionnels voient leur vocation, si précieuse à notre démocratie, brusquement interrompue", écrit-elle. Ericka Bareigts rappelle que la démocratie "de notre pays repose sur le pluralisme des médias". 

Sans cette diversité d'information, il devient difficile pour les citoyens de se forger une opinion éclairée. Il est donc essentiel de préserver un environnement médiatique pluraliste pour garantir la vitalité de notre démocratie.

Ericka Bareigts

 "La garantie d'une bonne information"

Dans un communiqué, le maire du Port, Olivier Hoarau, déplore aussi cette liquidation du JIR "affectant non seulement les employés du journal mais aussi le paysage médiatique de l’île".

Quel que soit sa ligne éditoriale, on ne soulignera jamais assez l’importance du pluralisme des médias au bon fonctionnement de la démocratie. Sur notre territoire insulaire, elle permet à toutes les voix de s’exprimer et de garantir une bonne information.

Olivier Hoarau

 Après des années de difficultés

Depuis plusieurs années, le JIR était en grande difficulté financière. Le 10 janvier dernier, il a été placé en redressement judiciaire. Un plan de sauvegarde de l’emploi a été déclenché en avril et une trentaine de salariés ont quitté l’entreprise. Mercredi, sa liquidation judiciaire a été prononcée.

En octobre 2023, "Le Quotidien", l'autre titre de presse écrite de La Réunion, avait lui aussi été placé en liquidation judiciaire avant d'être racheté par la société Media Capital.