« Femmes, vie, liberté » : deux ans après la mort de Mahsa Amini, 34 détenues en grève de la faim en Iran

À Paris, des centaines de personnes ont manifesté pour apporter leur soutien à la société civile iranienne.

A Paris, une marche en soutien aux femmes iraniennes a été organisée par un collectif d’une vingtaine d’associations de défense des droits humains. AFP/Sameer Al-Doumy
A Paris, une marche en soutien aux femmes iraniennes a été organisée par un collectif d’une vingtaine d’associations de défense des droits humains. AFP/Sameer Al-Doumy

    Deux ans après, la lutte continue. Trente-quatre détenues iraniennes ont entamé une grève de la faim pour « commémorer » le deuxième anniversaire du mouvement « Femme, vie, liberté » et la mort en détention de Mahsa Amini, arrêtée pour ne pas avoir respecté le strict code vestimentaire islamique, a annoncé Narges Mohammadi.

    La lauréate iranienne du prix Nobel 2023 de la paix, détenue depuis novembre 2021, a annoncé sur X qu’« à nouveau, les prisonnières politiques et idéologiques d’Evin (un centre pénitentiaire proche de Téhéran, NDLR) ont entamé une grève de la faim en solidarité avec le peuple protestant en Iran contre les politiques oppressives du gouvernement ».

    Selon l’organisation Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège, au moins 402 personnes ont été exécutées au cours des huit premiers mois de l’année. « D’innombrables personnes en Iran continuent de subir les conséquences de la répression brutale des autorités », affirme Diana Eltahawy, d’Amnesty International.

    Des proches menacés et harcelés

    Selon Human Rights Watch (HRW), les proches de dizaines de personnes tuées, exécutées ou emprisonnées pendant les manifestations, ont été menacés, harcelés, voire eux-mêmes arrêtés sur la base de fausses accusations. « Les autorités iraniennes brutalisent les gens deux fois : elles exécutent ou tuent un membre de leur famille, puis arrêtent leurs proches pour avoir demandé des comptes », déplore Nahid Naghshbandi, chercheuse sur l’Iran à HRW.

    Parmi les personnes emprisonnées figure Mashallah Karami, le père de Mohammad Mehdi Karami, exécuté en janvier 2023 à l’âge de 22 ans dans une affaire liée aux manifestations. Mashallah Karami, qui avait mené une campagne pour sauver la vie de son fils, a été condamné à six ans de prison en mai, puis à neuf ans en août.



    À Paris, des centaines de personnes ont manifesté pour apporter leur soutien à la société civile iranienne. Parmi elles, l’avocate franco iranienne Chirinne Ardakani, membre du collectif Iran Justice. « Tout a changé en Iran, dans les mentalités, dans la société », a-t-elle déclaré à l’AFP. « On est passé d’une culture absolument patriarcale, où il n’était même pas question qu’elles puissent se dévoiler dans la rue, à un soutien massif à ces femmes ».

    Des prisonnières publient des écrits depuis leur lieu de détention, souligne-t-elle. « On a vu vraiment que le quartier des femmes de la prison d’Evin s’est imposé comme le bastion de la résistance dans cette lutte pour les Iraniennes, pour la démocratie, pour la liberté ».

    La marche, organisée par un collectif d’une vingtaine d’associations de défense des droits humains, a également reçu le soutien de Benjamin Brière et Louis Arnaud, deux Français qui avaient été arrêtés et détenus arbitrairement en Iran avant d’être libérés respectivement en mai 2023 et juin dernier.