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The Body Shop est placé en dépôt de bilan au Royaume-Uni

John Phelan - Wikimedia Commons - CC

La chaîne britannique de cosmétiques qui a appartenu un temps à L'Oréal va être restructurée. Cette procédure ne devrait concerner que les 200 magasins du Royaume-Uni.

La chaîne de produits de beauté The Body Shop, connue pour ses engagements précoces sur le recyclage ou contre les tests sur les animaux, a été placée en dépôt de bilan au Royaume-Uni, des milliers d'emplois se retrouvant menacés dans le pays où elle est née.

"Les administrateurs de Body Shop International Limited ont nommé" le cabinet de conseil FRP pour gérer le dépôt de bilan et la restructuration des activités britanniques" de la société afin de "revitaliser cette marque emblématique", est-il précisé dans un communiqué.

Cette procédure ne concerne toutefois que les 200 magasins du Royaume-Uni, et non le reste du monde. En France l'enseigne compte aujourd’hui 65 boutiques et souhaite poursuivre son développement en franchises. Le siège de The Body Shop est à Londres et l'entreprise emploie environ 7.000 personnes dans le monde, dont 2.200 au Royaume-Uni

La marque britannique a été vendue fin 2023 par son propriétaire brésilien Natura Cosmeticos au fonds d'investissement allemand Aurelius. Le montant de la transaction était bien inférieur à celui de un milliard d'euros déboursé par le groupe brésilien lorsqu'il avait racheté la marque en 2017 au géant français L'Oréal.

Déclin d'une enseigne précurseure

L'enseigne The Body Shop a été fondée en 1976 à Brighton (sud de l'Angleterre) par l'entrepreneuse britannique Anita Roddick, pionnière des cosmétiques respectueux de l'environnement, non testés sur les animaux et adepte du commerce équitable.

Celle qui a par la suite hérité du surnom "The Queen of Green" - la Reine du Vert - grâce à ses positions écologistes avait créé The Body Shop grâce à un prêt de 4.000 livres souscrit pour ouvrir le premier magasin à Brighton afin de subvenir aux besoins de sa famille pendant que son mari traversait l'Amérique à cheval.

Les murs sont peints en vert foncé pour masquer les taches d'humidité. Une couleur qui reste car elle s'adapte aux produits élaborés selon les principes de développement durable, à base de composants naturels et, surtout, sans expérimentation sur les animaux.

Tout s'enchaîne très vite: les retraités apprécient de retrouver des produits de beauté à l'ancienne à base de cire d'abeille et de glycérine, les jeunes craquent pour les lotions nettoyantes au concombre et les exfoliants à la fraise. Des prix raisonnables et des flacons rechargeables pour limiter les coûts ajoutent au côté artisanal et au succès de l'enseigne.

L'Oréal avait racheté la marque en 2006 pour environ 940 millions d'euros, quand celle-ci était au sommet de sa gloire, et la charismatique femme d'affaires avait été critiquée pour ce choix, accusée par certains de pactiser avec l'ennemi. Sa santé déclinait cependant et Anita Roddick est décédée l'année suivante.

L'étoile de la marque a pâli après la disparition de sa fondatrice et la cession à L'Oréal. Ayant perdu son côté précurseur, malgré des investissements importants et une accélération de son développement à l'international, sa rentabilité a décliné, pesant sur celle du mastodonte français des cosmétiques.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi avec AFP Journaliste BFM Éco