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Jeux vidéo [Test Switch] Emio – L’homme au sourire: à l’ombre des jeunes filles en pleurs

La Switch accueille en exclusivité un titre très mature, interdit aux moins de 18 ans, ce qui est assez rare chez Nintendo. Avec Emio – L’homme au sourire, la série Famicom Detective Club s’enrichit enfin d’un quatrième opus pour nous faire mener l’enquête, dans un bon visual novel, sur une série de meurtres qui touchent de jeunes gens désemparés.

Jité - 07 sept. 2024 à 14:05 | mis à jour le 10 sept. 2024 à 12:17 - Temps de lecture :
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Famicom Detective Club, cela vous dit quelque chose ? Si ce n’est pas le cas, c’est tout à fait normal. Déjà parce que les deux premiers titres – un troisième a vu le jour en 1997 sur Satellaview – datent de la fin des années 1980 (The Missing Heir et The Girl Who Stands Behind), même s’il y a eu quelques remakes depuis. Ensuite, parce que la renommée de cette série dédiée au visual novel, un genre peu exploité, est restée confinée aux frontières de l’archipel nippon.

Pourtant, ce n’est pas n’importe qui qui est derrière cette licence puisqu’il s’agit de Yoshio Sakamoto, que l’on connaît plus sous nos latitudes pour avoir été l’un des pères fondateurs de la mythique saga Metroid. Ses romans visuels sont de vraies enquêtes policières réservées à un public averti puisque le scénariste revendique son inspiration du cinéma de Dario Argento, l’un des maîtres de l’épouvante. Sa troisième itération ne déroge pas à la règle avec un polar dur et mature dont la classification européenne l’interdit aux mineurs. Et si c’est une enquête indépendante, avoir joué aux deux premiers opus permettra de comprendre certains clins d’œil.

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Qui peut donc en vouloir à ces jeunes personnes Document de l'éditeur

Qui peut donc en vouloir à ces jeunes personnes Document de l'éditeur

La tête dans du papier kraft…

Effectivement, le synopsis a de quoi donner le frisson. Au Japon, la légende urbaine de l’homme au sourire refait surface après la mort d’Eisuke Sasaki, un collégien retrouvé inanimé près d’une station de pompage avec sur la tête un sac en papier kraft, sur lequel est dessiné un visage souriant. Il n’en faut pas plus pour faire rapidement le lien avec une affaire qui, 18 ans plus tôt, avait coûté la vie à trois étudiantes retrouvées elles aussi affublées du même "déguisement". Les victimes, essentiellement des jeunes femmes donc, semblent toutes avoir croisé la route du psychopathe alors qu’elles étaient en pleurs, désemparées.

Le scénario se déroule en 12 chapitres encadrés par un prologue et un épilogue. On ressent une maîtrise de l’écriture chez Sakamoto qui, en dépit de quelques longueurs, sait nous mener sur de fausses pistes pour maintenir le suspense entier jusqu’au bout. Sans se prétendre sociologue, l’auteur ausculte quand même certains pans de la société japonaise, celle des villes comme celle des champs. Et c’est plongé, parfois, au milieu de certaines contradictions et de non-dits qu’il nous faut avancer à tâtons.

Pour mettre en musique cette histoire sombre, on retrouve des personnages des premiers opus, tout d'abord notre avatar, sorte d’enquêteur junior qui doit encore et toujours faire ses preuves. Il est à nouveau accompagné de son amie et collègue Ayumi, qui ne le laisse pas insensible, et du patron de la boîte de détective privé qui nous emploie, Shunsuke Utsugi, toujours prompt à remonter la piste en solo de son côté. Si le personnage que l’on incarne peut apparaître naïf, il reste pugnace et assez ouvert d’esprit pour envisager toutes les possibilités.

On croise de nombreux seconds rôles dont les principaux sont l’inspectrice Junko Kuze et son partenaire Daisuke Kamahira ainsi que le professeur Tsubasa Fukuyama. Des personnages trop archétypaux – la policière sévère qui cache des failles, l’enseignant au grand cœur, etc. – pour qu’on s’y attache vraiment. Mais la trame du scénario n’en pâtit pas vraiment.

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A chaque fin de chapitre, il faut refaire le point sur l'enquête. Document de l'éditeur

A chaque fin de chapitre, il faut refaire le point sur l'enquête. Document de l'éditeur

Pas le droit d’échouer

Sur les diapos, les animations (faciales) sont souvent minimalistes mais font le job pour nous faire ressentir les émotions de nos interlocuteurs. Mais ce sont surtout les doublages en japonais (avec une traduction française) ainsi que les musiques qui s’adaptent aux contextes qui nous mettent dans l’ambiance. Si le jeu perd parfois en punch après de trop longs bavardages, il reste suffisamment interactif pour nous inciter à poursuivre nos efforts.

Pour ce qui est du gameplay proprement dit, on est en territoire connu. A l’image des point and click d’ailleurs, les principales activités consistent à scanner l’environnement pour y dénicher des indices ainsi que d’interroger ou de dialoguer avec des personnages pour faire avancer le schmilblick. Il nous revient aussi d’interpréter certaines informations, ce dont l’IA s’occupe volontiers.

Une progression un brin mécanique qui demande que tout soit fait dans un ordre précis pour arriver à nos fins. Un cadre pas franchement libertaire. De quoi, de temps en temps, perdre le joueur qui ne sait plus vraiment quelle action enclencher sur l’interface assez épurée. Avant, par exemple, de se rendre compte que quitter les lieux en désespoir de cause allait faire subitement revenir en mémoire à notre vis-à-vis un souvenir oublié… Bref, le rythme de l’enquête souffre de quelques ralentissements.

Mais ce qu’il y a de plus dommageable, si l’on peut dire, c’est qu’on n’a pas le droit de se tromper. Ou plutôt que le jeu ne nous le permet pas. On aurait aimé orienter l’enquête sur une mauvaise poste, suspecter les mauvaises personnes, faire sortir l’histoire de son parcours balisé, mais peu importe les erreurs que l’on commet, on retombe toujours sur nos pieds. Ainsi, lors des débriefs, où le recours à notre bloc-notes d’une grande clarté est fort utile, choisir les mauvaises réponses aux questions à choix multiples ou remplir de manière erronée un texte à trous ne prête pas à conséquence.  Du coup, il n’y a pas de quoi se gargariser d’avoir résolu l’énigme de l’homme au sourire. Reste le plaisir d’avoir parcouru ce visual novel durant une dizaine d’heures.

En bref

Emio – L’Homme au sourire : Famicom Detective Club, développé par Nintendo et Mages, édité par Nintendo, sur Switch.

On aime :

- Un vrai polar avec un scénario mature qui suit les codes de l’enquête policière

- La traduction en français est cette fois-ci de la partie

- Une production soignée, notamment au niveau de la musique et des doublages

- Un temps de jeu conséquent

On aime moins :

- Une progression trop mécanique, sans vraie liberté

- L’impossibilité de se tromper (le game over est proscrit)

- Quelques longueurs et certains personnages archétypaux

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