Inflation « Des hausses de prix suspectes » : le patron de Leclerc demande une commission d’enquête parlementaire
Des profiteurs parmi les industriels de l'agro-alimentaire ? Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique des centres E. Leclerc, s'interroge et lance un appel.
Sur BFMTV/RMC ce jeudi matin, le patron de l'enseigne de distribution a estimé que « la moitié des hausses demandées » par les industriels dans le cadre de renégociations sur le prix des denrées qui seront ensuite vendues par les grandes surfaces « ne sont pas transparentes et sont suspectes ». Il a réclamé une commission d'enquête parlementaire « sur les origines de l'inflation, sur ce qui se passe sur le front des prix depuis les transports jusqu'aux consommateurs », jugeant que « beaucoup des hausses demandées sont des hausses d'anticipation, voire de spéculation ».
Devant la flambée des coûts de production liés au redémarrage de l'économie post-Covid-19 ainsi qu'à la guerre en Ukraine, le gouvernement avait appelé mi-mars distributeurs et industriels de l'agroalimentaire à se remettre autour de la table pour revoir les contrats tout juste signés le 1er mars à l'issue des négociations commerciales. Ces contrats fixent le prix de certains des produits qui seront vendus dans l'année en grandes surfaces et le premier round des négociations avait abouti à une augmentation moyenne de 3% des prix facturés par les industriels aux distributeurs.
La prime à la surenchère
Or, estime aujourd'hui Michel-Edouard Leclerc, ces renégociations ont « donné la prime à la surenchère ». « Quand un fournisseur arrive avec ses factures, on lui demande la transparence. Je comprends que les petites entreprises (soient fortement affectées par) le prix du verre, de l'aluminium », a-t-il assuré. « Pour les plus petits que nous, on a du discernement et on (accepte) leurs hausses » de prix.
Il a en revanche stigmatisé « les grandes entreprises internationales » qui sont arrivées « avec des factures de transport en augmentation de 15, 20, 30%, notamment les prix des containers qui ont augmenté de 30% ». Ce, alors que « les sociétés de transport sortent des bénéfices par milliards l'année dernière ». Autre exemple, les « fabricants de produits à base de chocolat ou de cacao qui invoquent l'Ukraine pour une augmentation de 15% de tarif sur les barres chocolatées ou la confiserie... », a-t-il ajouté, appelant les parlementaires à « demander un peu à tout le monde de justifier sa part de hausse ».
Plusieurs députés ont réagi à l'appel de Michel-Edouard Leclerc. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a soutenu sur Twitter une « excellente suggestion ». « Ces hausses de prix ne sont pas tenables, il faut transparence et action », a abondé le président du groupe PS à l'Assemblée nationale Boris Vallaud. Pour la députée LFI Clémentine Autain, « l'augmentation de l'inflation est directement corrélée aux immenses sommes données aux grands groupes sans aucune contrepartie ».