Regard chrétien De fin en fin

Christine Heuchel-Schenesse - 25 août 2024 à 06:00 - Temps de lecture :
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Cette fin août sonne pour certains la fin des vacances. « Classique » pourrions-nous dire et pourtant cela est loin d’être banal. Répétitif peut-être car finalement, ne cessons-nous pas de vivre continuellement des fins ? Fin d’une époque, fin d’une relation, fin d’un amour, fin d’une journée, d’une nuit, d’une période de la vie, fin d’une vie. Comme, d’une certaine manière, autant de petites morts.

Il est plus facile parfois d’écrire une nouvelle page que d’en tourner une. Et pourtant l’un ne va pas sans l’autre. Vie et mort, passage. Il y faut du temps car ce qui donne pleinement sens à une fin provient de ce qui a précédé. Cela implique une fois de plus que nous soyons pleinement enracinés dans l’instant présent. On pourrait s’imaginer que plus nos racines sont profondes, plus la fin sera difficile mais c’est pourtant l’inverse qui se produit. C’est comme si cet enracinement participait de la fin. Si nous ne cessons de passer d’un instant à l’autre, nous ne pouvons vivre pleinement les fins mais les subissons. Et il est certain que notre société qui plébiscite le « zapping » et l’instantanéité ne va pas dans ce sens. Tout nous pousse à consommer, jeter puis reconsommer. Il n’y a plus la longueur du chemin et de ses méandres, cette longueur qui permet précisément de se structurer pour mieux habiter notre vie et qui nous sommes.

C’est ainsi, par exemple, que des vacances vécues simplement, pleinement, vont nourrir la suite : elles deviennent un ressourcement plutôt qu’une parenthèse, une histoire d’amour qui s’achève peut paradoxalement préparer la suite, la façon dont nous avons habité notre vie active peut donner une saveur particulière à notre retraite, et de même avec toutes les phases de notre vie.

Bien entendu toutes les fins n’ont pas le même éclat et certaines sont plus difficiles que d’autres : affirmer l’inverse ne serait ni réaliste, ni respectueux. Néanmoins ce passage peut s’avérer malgré tout comme une occasion de croissance. Etrange paradoxe qui parle aussi de lâcher-prise. Ainsi pourrons-nous aller de fin en fin « comme celui qui monte ne s’arrête jamais d’aller de commencement en commencement par des commencements qui n’ont pas de fin » (Grégoire de Nysse).