Poser les bases pour réussir le déploiement de l'industrie 4.0

La transformation digitale lié à l'industrie 4.0 est complexe à mettre en œuvre. Elle nécessite de surmonter des défis liés aux données et aux réticences des équipes.

L’ère des usines connectées porte un nom : l’industrie 4.0. Ce concept correspond à la quatrième révolution industrielle, succédant à celles de la mécanisation, de la production de masse et de l’automatisation. Alors que l’industrie 5.0 est déjà sur la table, pour remettre l’humain au cœur des processus de production, qu’en est-il du déploiement de l’industrie 4.0 ?

Ces évolutions émergent de l’avènement de la numérisation. L’industrie traditionnelle devient un système global interconnecté où les machines, les systèmes (tels que les ERP, Enterprise Resource Planning) et les produits entretiennent une communication continue. Dans cette industrie 4.0, les entreprises intègrent des technologies numériques telles que l’Internet des objets (IoT), l’intelligence artificielle (IA), les capteurs avancés et l’analyse de données. Grâce à elle, les processus de production deviennent alors plus flexibles, plus réactifs et plus intelligents.

Si la transformation digitale semble largement acceptée en raison de ses nombreux atouts, voire intégrée, en réalité, sa mise en place dans les structures organisationnelles industrielles s’avère bien plus complexe. Les principaux enjeux sont de surmonter les défis liés aux données et aux équipes réticentes. La réussite de son déploiement passe avant tout par créer les bases et les conditions nécessaires au sein même de ces entreprises. 

Optimiser la collecte et l’analyse de données

Avant même d’envisager l’intégration de solutions d’IA ou de robotique, la première étape est sans aucun doute la nécessité de récolter et de structurer les données correctement, pour les analyser de façon pertinente et en tirer des enseignements. À l’heure actuelle, la quantité de données provenant de capteurs dans les chaînes industrielles est en augmentation constante. D’après les estimations de l’université Maryville, plus de 180 billions de gigaoctets de données devraient être générés chaque année à l’échelle mondiale, d’ici 2025. Nous pouvons parler d’un flux massif de données, qui est grandement alimenté par les industries activées par l’Internet Industriel des Objets (IIoT).

Afin que ces données puissent être utilisées, les entreprises doivent se doter d’une capacité de traitement et d’absorption considérable. Dans cette optique, l’automatisation des données reste la solution à mettre en place. Pour ce faire, les usines doivent se doter de capteurs sur des machines, au sein de hangars ou à des emplacements précis, et les relier l’ensemble via un ERP. Toutes les données collectées sont alors synchronisées et analysées, et transmises sous forme de rapports. De plus, la diversité des sources de données dans une entreprise industrielle demeure un enjeu majeur à relever. Celles liées aux processus de production peuvent être éparpillées, qu’elles figurent dans des systèmes ERP, MES (Manufacturing Execution System), SCADA (Supervisory Control and Data Access), ou qu’elles soient directement collectées à partir des IIoT.

Une fois la collecte de données réalisée, il est primordial de les exploiter efficacement pour en extraire des informations significatives, notamment pour la maintenance prédictive. Le big data joue un rôle clé dans l’industrie 4.0. Ces analyses de données quantitatives sont remontées depuis le terrain par des capteurs. Elles permettent, par exemple, de déterminer les facteurs influençant les performances et anticiper les pannes. Elles sont également efficaces pour anticiper les hausses et les baisses de production dans la gestion des stocks, un atout de taille pour les entreprises. Créer un environnement analytique solide pour le prétraitement des données, l’apprentissage des modèles et leur validation est donc indispensable. Pour s’assurer que la transformation globale puisse opérer, ces changements s’imposent tout d'abord pour améliorer considérablement l’agilité et la visibilité.

Créer une culture d’entreprise favorable

Automatiser et digitaliser des processus requiert du temps et un accompagnement important. Outre les aspects techniques, il faut transformer les organisations internes. C’est un fait, certaines entreprises font de la résistance. Ici, ce n’est pas une question de mauvaise volonté, mais plutôt d’un changement si majeur qu’il reste encore difficile à envisager. Néanmoins, il faut nuancer que certains secteurs sont trop sensibles pour ces transformations, en raison de la cybersécurité.

Pour mener à bien cette métamorphose, il est nécessaire d'avoir la culture d'entreprise adéquate. Seule une symbiose entre l’opérationnel et la direction permettra le déploiement optimal de l’industrie 4.0. En effet, nous avons d’un côté les équipes managériales axées sur la productivité et le changement pour l’améliorer. De l’autre, sur le terrain, les collaborateurs sont plus réfractaires, car ils sont attachés à leur processus faisant leurs preuves depuis des décennies. L’objectif réside alors dans la transmission de la culture data et de nouveaux outils pour qu’ils saisissent les bienfaits de cette transformation dans leur quotidien. Pour ce faire, des collaborateurs peuvent avoir ce rôle d’ambassadeur dans l’entreprise pour contribuer à créer une dynamique autour des projets de digitalisation et à la maintenir à long terme.

En effet, le déploiement de l’industrie 4.0 se retrouve souvent ralenti par sa lente mise en place. Une entreprise y va généralement étape par étape pour adopter ce changement et remplacer les outils obsolètes : elle va installer des capteurs connectés, ensuite des robots collaboratifs, puis des portails collaboratifs avec les fournisseurs ou les sous-traitants, etc. Cet aspect progressif illustre à quel point l’industrie 4.0 n’est pas une formule magique. En parallèle, des entreprises tombent dans le piège des solutions clés en main. Or, il est impossible de bénéficier d’un accompagnement complet sur toute la chaîne et les outils.

En résumé, il est nécessaire de travailler et d’avancer sur l’ensemble de ces aspects pour réussir le déploiement de l'industrie 4.0. Les récentes réglementations liées au CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) rendront la collecte de données indispensable pour les industries. Dans une optique d’encourager le développement durable, ces normes aspirent à évaluer l'impact de l'entreprise et de son activité sur l'environnement et à harmoniser le reporting. Ainsi, les organisations ne pourront plus faire l’impasse sur une collecte de données efficace. Elles doivent garder en tête que toutes ces évolutions sont cruciales pour optimiser leurs opérations, accroître leur efficacité et stimuler leur croissance.