Faut-il voir un alignement des planètes pour le gouvernement de Keir Starmer ? Alors que le Parti travailliste a été porté au pouvoir après quatorze ans d’hégémonie conservatrice et un Brexit, le Royaume-Uni reçoit jeudi 18 juillet la Communauté politique européenne (CPE). Une structure récente, créée par les Vingt-Sept lors du Sommet européen des 23 et 24 juin 2022, à partir d’une proposition d’Emmanuel Macron. Son objectif est de renforcer les liens entre l’Union européenne et ceux qui partagent ses valeurs sans en être membres. Et de dénouer les conflits politiques ou économiques. Elle s’est déjà réunie à trois reprises : à Prague en République tchèque, le 6 octobre 2022, près de Chișinau, en Moldavie, le 1er juin 2023 et à Grenade en Espagne, le 5 octobre 2023.

Un nouveau partenariat

Cette réunion, qui se tiendra au palais de Blenheim (dans l’Oxfordshire), aura d’autant plus d’importance que son hôte, Keir Starmer, vient d’être élu à la tête d’un gouvernement qui veut « revisiter » sa relation avec son ancien partenaire l’Union européenne, mais non pas revenir dans son giron. Le sujet est encore sensible outre-Manche. Avec une majorité au Parlement britannique et s’appuyant sur le constat que le Brexit a considérablement nui aux intérêts économiques de son pays, la question d’une nouvelle forme de partenariat s’impose. D’après Neil Kinnock, travailliste et ancien vice-président de la Commission européenne (1999–2004), Keir Starmer « est conscient qu’il y a des secteurs d’activité et des relations futures négociables sur la base d’un avantage mutuel ».

Nick Thomas-Symonds, 44 ans, nouveau ministre de la Constitution et des relations européennes, est le monsieur Europe de Keir Starmer. Lundi 15 juillet, il était à Bruxelles pour y rencontrer le vice-président de la Commission européenne, Maros Sefcovic. De l’Eurostar, il tweetait la phrase magique : « Notre gouvernement est déterminé à rétablir les relations avec l’Union européenne, à renforcer les liens, à renforcer notre sécurité et à éliminer les obstacles au commerce. »

Le 8 juillet, il était déjà à Bruxelles pour rencontrer l’ambassadeur britannique et le personnel à la mission du Royaume-Uni auprès de l’UE. Il était également présent à la conférence de l’Otan à Washington DC, lors des discussions avec les partenaires de l’UE, membres de l’alliance de défense en préparation du sommet de la Communauté politique européenne. De défense, il en sera beaucoup question jeudi car, quels que soient les anciens différends avec l’Europe, le rôle du Royaume-Uni est déterminant dans ce domaine. Keir Starmer a déjà annoncé un examen des forces armées du Royaume-Uni – un premier rapport doit être remis au premier semestre 2025 –, afin de mieux répondre, selon lui, aux défis posés par un « monde plus dangereux et plus instable ». Il a réaffirmé son « engagement sérieux » à consacrer 2,5 % du PIB à la défense.

Vers un nouvel accord de défense avec l’UE

À l’occasion de la rencontre de jeudi, il sera donc probablement question d’un nouvel accord de défense et de sécurité avec l’UE, qui comprendra l’adhésion à davantage de parties de la coopération structurée permanente (Pesco). Londres fait déjà partie du volet « mobilité militaire », une plateforme politico-stratégique qui vise à simplifier et à standardiser les procédures nationales de transport militaire transfrontalier dans l’ensemble de l’UE. Près de quatre ans après le Brexit, la nature future des relations du Royaume-Uni avec l’UE reste une question clé. En janvier, l’institut de sondage britannique YouGov avait interrogé les Britanniques sur quatre scénarios possibles : la réadhésion à l’UE ; rejoindre le marché unique ; le statu quo ; et un relâchement supplémentaire des liens avec l’UE. Le retour dans l’UE arrivait en tête de la liste.

Environ la moitié des Britanniques (51 %) déclaraient qu’ils soutiendraient l’annulation du résultat du référendum de 2016, et 33 % déclaraient y être « fortement » favorables. En revanche, un tiers des Britanniques (36 %) déclaraient s’opposer à une réadhésion à l’UE, dont 25 % y étant fortement opposés. L’enquête révélait aussi que 42 % des sondés seraient favorables à passer par un entre-deux, celui de l’adhésion au marché unique, même si seulement 23 % y sont « fortement » favorables. Mais 22 % y sont opposés, et jusqu’à un tiers sont incertains (36 %).