Sept ans après le dramatique incendie, le Royaume-Uni attend mercredi 4 septembre la publication du rapport final de l’enquête publique sur la catastrophe de la tour Grenfell à Londres en 2017. Le drame avait causé la mort de 79 personnes et en avait blessé 74 autres, mettant en lumière de nombreux dysfonctionnements de l’État notamment en matière de règles de construction.

Les survivants de la catastrophe attendent que ce rapport mette un terme à un « carrousel de reproches » et condamne la conduite du gouvernement, des entreprises de construction et des fabricants de matériaux multinationaux, rapporte le quotidien britannique The Guardian.

Sa publication doit marquer la fin d’une l’enquête annoncée dès le lendemain du sinistre par la première ministre britannique, Theresa May, et officiellement lancée le 14 septembre 2017.

► Que s’est-il passé ?

Le 14 juin 2017, vers 00 h 15, un réfrigérateur défectueux prend feu dans une cuisine du quatrième étage de la tour Grenfell, un immeuble de logements sociaux de 24 étages, situé au nord du quartier de Kensington. Behailu Kebede, un habitant de la tour, appelle le numéro d’urgence à 00 h 54.

L’incendie semble a priori banal et les sapeurs-pompiers pensent en venir à bout rapidement. La situation change soudainement à 01 h 09 : le feu se propage à la fenêtre de la cuisine puis sur le revêtement extérieur de la tour, et l’immeuble s’enflamme comme une torche à une vitesse anormale.

Les services d’urgence donnent pourtant la consigne aux occupants de rester chez eux. Celle-ci est finalement levée à partir de 02 h 35 au vu de l’évolution de l’incendie, mais de nombreux habitants de l’immeuble se sont retrouvés piégés.

À 4 h 30, l’ensemble de la tour est en flammes, et le dernier survivant est évacué à 8 heures du matin. L’incendie ne s’éteint qu’à 01 h 14 le lendemain, soit 24 heures après le départ du feu.

► Pourquoi le feu s’est-il propagé ?

La progression du feu s’est faite à une très grande vitesse, malgré des règles de construction et de sécurité censées protéger les habitants du risque d’incendie.

La première phase de l’enquête publique, dont le rapport fut publié en octobre 2019, indique que le revêtement extérieur, installé au cours d’importants travaux de rénovation de la tour en 2016, a favorisé la propagation de l’incendie. Ces panneaux étaient alors composés d’aluminium en surface et de polyéthylène expansé à l’intérieur, un type de plastique rigide et inflammable.

Selon le quotidien britannique The Independent, ces panneaux ne coûtaient que 22 livres sterling chacun, contre 24 livres pour une version plus résistante au feu. Leur utilisation aurait permis de faire une économie de 6 000 livres, environ 7 100 €.

Depuis, le Royaume-Uni a interdit l’utilisation des isolants en matières combustibles pour les façades d’une hauteur supérieure à 18 mètres.

► Pourquoi y a-t-il eu tant de victimes ?

Le rapport de la première phase de l’enquête publique dénonce aussi l’absence de « plan à suivre en cas d’urgence pour évacuer » la tour Grenfell, et des « lacunes dans les pratiques, les stratégies et la formation » des sapeurs-pompiers. Les premiers soldats du feu arrivés sur place n’étaient pas « correctement préparés » à affronter cette situation, note d’ailleurs le journal conservateur The Daily Telegraph.

Le premier rapport de l’enquête publique souligne enfin des failles de communication entre le centre de traitement des urgences des sapeurs-pompiers londoniens (LFB) et leur commandant affecté sur place. Il pointe des « défaillances systémiques importantes » qui auraient aggravé les conséquences de la catastrophe.