Economie

PariSanté Campus : l'ambition d’une Silicon Valley à la française

SANTÉ. PariSanté Campus rassemble en un même lieu les talents du numérique de la santé pour faire de la France le leader mondial du secteur. Un bâtiment où se mélange start-up, instituts de recherche spécialisés et leaders du marché.

Stéphanie De Muru 29/05/2024 à 13:02

Le professeur Antoine Tesnière. © Stéphanie de Muru

Paris, 15e arrondissement, un bâtiment en verre translucide de 20 000 mètres carrés où se mélangent start-up, instituts de recherche spécialisés dans l’e-santé, PME et grands groupes à l’instar de Doctolib ou Dassault Systèmes. « Chaque jour, 1 500 personnes issues pour moitié du secteur académique et pour moitié du secteur privé travaillent ici. C’est inédit ! », explique le professeur Antoine Tesnière, qui porte avec énergie et passion le projet PariSanté Campus depuis le premier jour.

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Rassembler des acteurs de la santé qui ne se seraient pas forcément croisés ailleurs et créer des synergies, c’est tout l’enjeu de cette initiative lancée en 2020 par Emmanuel Macron, sur le modèle de ce qui s’est créé pour la Biotech à Boston ou pour la Silicon Valley en Californie. « Les grands défis de la santé, comme les crises sanitaires, nous ont montré la nécessité de rassembler les acteurs afin de faciliter les synergies et d’accélérer l’innovation. »

Ce professeur de médecine, ancien anesthésiste-réanimateur à l’AP-HP, sait de quoi il parle. Il a piloté la réponse à la crise Covid aux côtés de l’ancien ministre de la Santé Olivier Véran et en a mesuré toute l’importance du numérique. « Avec les données récoltées de façon inédite, sur des systèmes comme Sidep, on a pu suivre en temps quasi réel le nombre de patients contaminés et le communiquer au public. Les plateformes numériques, comme Vite ma dose ou Doctolib, se sont avérées incontournables en plein confinement. »

Il y a une part de hasard dans la recherche

Bénéficiant d’un budget de 45 millions d’euros, ce lieu d’entreprenariat et de recherche peut aussi compter sur le soutien de cinq acteurs publics majeurs : l’Inserm, l’Inria, l’université Paris Sciences et Lettres et des opérateurs plus jeunes comme le Health Data Hub ou l’Agence du numérique en santé. « Il y a une part de hasard dans la recherche, et le fait de rencontrer la bonne personne au bon moment va faire qu’on peut aboutir à la grande découverte à côté de laquelle on aurait pu passer », explique de son côté Mickaël Tanter, directeur de recherche à l’Inserm, qui supervise un pôle de 60 chercheurs sur place.

Dans son laboratoire situé au premier étage, de jeunes physiciens planchent sur de nouvelles méthodes d’imagerie et de thérapie : « Nous allons bientôt pouvoir déployer Cardiawave, une sonde robotisée qui permet de traiter certains problèmes de valves cardiaques sans ouvrir ni anesthésier le patient. C’est une vraie révolution ! » s’enthousiasme Mickaël Tanter.

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De l’intelligence artificielle aux essais cliniques en passant par la découverte de médicaments ou de thérapies numériques, ce sont au total plus de 300 start-up qui ont candidaté devant un comité de sélection pour intégrer l’écosystème depuis 2021. Plus de 100 y sont parvenues à ce jour. Biokortex, une start-up de solution digitale permettant de collecter les données de tous les patients d’un laboratoire, fait partie de la deuxième promotion.

« Avec mon frère, nous avons créé un pont unique entre les labos de villes et les essais cliniques. Ici, on nous a permis de nous développer en nous mettant notamment en contact avec un accélérateur aux États-Unis », explique Gabriel Ko, cofondateur de Biokortex. Faire briller l’excellence française à l’international, c’est aussi l’un des objectifs de PariSanté Campus.

En 2029, PariSanté Campus doit emménager dans les locaux de l’ancien hôpital du Val-de-Grâce, soit l’équivalent de 70 000 mètres carrés. De quoi accueillir plus d’une centaine de start-up supplémentaires et réaliser peut-être son ambition de devenir le leader mondial de l’e-santé.