Le changement climatique perturbe aussi les cigognes d’Alsace

L’oiseau emblématique de la région migre de moins en moins loin en hiver et pourrait même à terme se sédentariser si le réchauffement de la planète se poursuit.

Des cigognes à Munster (Haut-Rhin). Les périodes de gel diminuant, elles sont de moins en moins obligées de parcourir des milliers de kilomètres pour se nourrir durant l'hiver. AFP/Thierry Grun
Des cigognes à Munster (Haut-Rhin). Les périodes de gel diminuant, elles sont de moins en moins obligées de parcourir des milliers de kilomètres pour se nourrir durant l'hiver. AFP/Thierry Grun

    « Il va falloir s’y habituer : la cigogne n’est plus un oiseau alsacien mais un volatile français », pointe Anthony Chuet, le directeur adjoint du Naturoparc à Hunawihr (Haut-Rhin). Proche de la route des vins d’Alsace, ce parc animalier œuvre depuis quarante ans pour la préservation d’espèces menacées comme la cigogne blanche. « Dans les années 1980, cet oiseau était en voie de disparition. Grâce au travail de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et d’un centre comme le nôtre, cette espèce s’est à nouveau pérennisée en Alsace », se réjouit Anthony Chuet. Selon les chiffres de la LPO Alsace, on comptait seulement 40 couples en 1988 contre 1 500 lors du dernier recensement, effectué en 2021.

    Ce spécialiste observe les changements migratoires de ces oiseaux en période hivernale : « Pendant plusieurs décennies, la cigogne quittait l’Alsace en novembre, au moment des premières gelées, car elle était privée de nourriture. Elle se rendait alors jusqu’au sud du Sahara en parcourant des milliers de kilomètres pendant un mois. » Un périple qui s’avérait souvent meurtrier pour ces échassiers spécialistes des vols planés mais beaucoup moins du battement d’ailes. « Les cigognes n’ont pas les aptitudes pour faire de longs vols. Beaucoup mourraient de fatigue au-dessus de la mer », assure Anthony Chuet.