Pénuries alimentaires : et si elles nous forçaient à consommer différemment ?

Il y a d’abord eu les pâtes, puis l’huile de tournesol et la farine. C’est désormais au tour des pots de moutarde, des œufs, des légumes en conserve et bientôt de la viande bovine de se raréfier dans les supermarchés. Cette crise aura des conséquences pour les plus fragiles. Mais elle pourrait aussi fournir l’occasion de repenser notre manière de consommer.

L'huile de tournesol est devenue le nouvel or jaune ces dernières semaines. En cause, des pénuries d'approvisionnement liées à la guerre en Ukraine, premier exportateur d'huile de tournesol dans le monde. Exemple dans ce supermarché du 11e arrondissement à Paris. LP/Delphine Goldsztejn
L'huile de tournesol est devenue le nouvel or jaune ces dernières semaines. En cause, des pénuries d'approvisionnement liées à la guerre en Ukraine, premier exportateur d'huile de tournesol dans le monde. Exemple dans ce supermarché du 11e arrondissement à Paris. LP/Delphine Goldsztejn

    On les croyait disparues dans les vestiges du confinement. Et voici que les pénuries sont de retour dans les rayons. Qu’elles soient dictées par la guerre en Ukraine, la grippe aviaire, les mouvements sociaux ou le dérèglement climatique, elles s’empilent depuis quelques semaines avec la régularité d’une horloge. Et se doublent parfois d’un redoutable effet domino. Ce sont les pâtes qui ont ouvert le bal. À la sécheresse sans précédent l’été dernier au Canada, premier producteur mondial de blé dur, est venu s’ajouter le conflit en Ukraine. Résultat, faute de matières premières, certains fabricants italiens de pâtes ont été contraints de réduire sérieusement la voilure. Au-delà des ruptures d’approvisionnement constatées ici et là dans les supermarchés, c’est l’envolée notamment du prix des coquillettes qui a marqué les esprits, frisant cet hiver les 60 % de hausse en six mois pour les marques distributeurs. Du jamais-vu.

    Puis il y a eu l’huile de tournesol et ces images de rayons désespérément vides qui tournent en boucle sur les écrans. Pourtant, pas la moindre « pénurie » à l’horizon : c’est la prochaine récolte qui sera décisive, celle qui a été semée alors que la guerre en Ukraine venait d’éclater. Pour l’heure, ce sont les consommateurs qui vident les supermarchés en achetant par précaution, de crainte de voir le conflit peser sur les approvisionnements et les prix. Ce qui a pour effet de provoquer des ruptures de stocks. « Mais les réapprovisionnements sont réguliers », atteste Myriam Qadi, de l’institut d’études NielsenIQ. Cette spécialiste rejette l’idée d’une quelconque pénurie. Ce sont les mêmes craintes irrationnelles qui ont poussé les consommateurs à se ruer de manière compulsive sur les paquets de farine.