Mangeons des pommes de terre pour sauver la filière !

D’un côté, des conditions climatiques et environnementales de plus en plus complexes. De l’autre, un désintérêt des consommateurs pour ce légume frais au profit des frites et purées surgelées. À l’arrivée, un gros danger qui pèse sur l’avenir de cette filière essentielle à notre gastronomie.

Les Français consomment d'avantage de pommes de terre transformées que fraîches
Les Français consomment d'avantage de pommes de terre transformées que fraîches

    Va-t-on manquer de pommes de terre au cours des prochains mois, en attendant la prochaine récolte d’août et septembre 2023 ? Cette question brûlante inquiète certains professionnels de la filière, tels Luc Chatelain, administrateur du Comité national interprofessionnel de la pomme de terre (CNIPT) et dirigeant du GAEC des Peupliers, une exploitation agricole située dans les Hauts-de-France, à Fontaine-lès-Croisilles. Sur ses 130 hectares, Luc cultive de nombreuses variétés, à destination des supermarchés ou des industriels mais aussi pour les circuits courts, comme sa propre cueillette du réseau « Chapeaux de paille » : des « polyvalentes » comme l’Agata, la Marabel ou la Caesar, mais aussi la Charlotte, Amandine, Chérie et Francine à chair ferme, délicieuses rissolées ou cuites à la vapeur ou au four, et les incontournables Bintje et Agria, pour les frites.

    L’an passé, la France, premier producteur européen et premier exportateur mondial de pommes de terre fraîches, a vu sa production globale passer de quelque 8 millions de tonnes à 7 millions. Une baisse directement liée aux conditions climatiques, selon Cyril Hanon, ingénieur agronome et spécialiste du tubercule à l’Institut de recherche agricole Arvalis : « Elle a besoin d’un climat tempéré, entre 18 et 20 °C dans l’idéal et souffre des excès de température, comme l’épisode de sécheresse qu’on a connu en 2022. Mais la vraie préoccupation pour la pomme de terre, à l’heure actuelle et pour les années à venir, c’est l’accès à l’eau ! » Pour produire un kilo de pommes de terre, environ 100 litres d’eau sont nécessaires. À condition toutefois, comme le souligne Luc Chatelain, « de ne pas subir un contexte de restrictions et d’avoir l’autorisation de puiser cette ressource. »