Livres : il était une fois le mythe de l’allumeuse

    À l’occasion des 80 ans du Parisien, l’infectiologue Karine Lacombe salue l’approche philosophique de Christine Van Geen dans « Allumeuse, genèse d’un mythe », qui revient sur cette représentation stéréotypée du mythe de la femme objet du désir masculin inassouvi.

    «Allumeuse, genèse d’un mythe», de Christine Van Geen aux Éditions du Seuil.
    «Allumeuse, genèse d’un mythe», de Christine Van Geen aux Éditions du Seuil.

    Pour ses 80 ans, Le Parisien confie la plume à plus de 70 invités prestigieux. Rencontres exceptionnelles, interviews étonnantes, reportages sur le terrain, décryptages de notre sondage « Dans la tête des Français », chroniques décalées… Journalistes d’un jour au Parisien, ils ont tous accepté de rejoindre notre rédaction pour un numéro spécial à retrouver ce dimanche dans les kiosques et sur notre site.

    « Tu n’es vraiment qu’une allumeuse ! » … J’ai 17 ans, cela fait deux heures que je résiste à ce garçon entreprenant, à qui ma peur de passer pour une fille coincée m’empêchait de dire que, non, je ne coucherais pas avec lui. Ce terme a résonné comme une claque et une humiliation, précipitant mon sentiment de culpabilité à ne pas vouloir répondre à l’appétit sexuel de ce jeune bellâtre. Étais-je responsable d’avoir suscité son désir ? Coupable de pas vouloir y répondre ?

    Pour retrouver l’origine du terme « allumeuse », il faut remonter au XIXe siècle, où les prostituées n’avaient le droit de commencer leur travail qu’à la tombée de la nuit, quand les employés municipaux allumaient les réverbères. Puis, le mot « allumeuse » a progressivement été utilisé pour qualifier la femme convoitée sexuellement, tout en dédouanant les hommes de toutes responsabilités dans la naissance et l’assouvissement de leurs désirs sexuels, les exonérant par là même de la nécessité de recueillir leur consentement.