«Rue des Pâquerettes» de Mehdi Charef

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Dans ce roman aux forts accents autobiographiques, l'écrivain et réalisateur Mehdi Charef revient sur son arrivée en France en 1962, à l'âge de 10 ans, dans le bidonville de la rue des Pâquerettes, à Nanterre. Il relate ses difficultés avec son père, qui les a arrachés, lui, sa mère et sa sœur, à leurs montagnes algériennes pour les faire venir en France. Il raconte l'humiliation, le froid, les allées boueuses, les maisons de parpaings et de tôle, mais aussi l'enthousiasme et l'inspiration retrouvés auprès de son instituteur, l'amitié partagée avec ses camarades de classe, la douceur et le soutien de sa grand-mère.

Qu'est-ce qui vous a le plus marquée dans ce récit autobiographique ?

Geneviève Hu :C'est justement ce récit raconté à hauteur d'enfant, avec toute une palette de sentiments, qui est très marquant. L'arrivée de cet enfant algérien, alter-ego de Mehdi Charef, à Paris qui attend son père, en retard, et les regards inquiets qu'il pose sur sa mère… La déception de cette dernière est perceptible lorsqu'ils arrivent au bidonville après avoir espéré vivre dans un immeuble avec toutes les commodités. Ce roman contient de nombreuses petites scènes très émouvantes, mais sans aucun pathos.

Comment l'école va-t-elle devenir, pour l'auteur, une échappatoire à la relégation ?

L'école offre une véritable chance au personnage principal, qui voit les portes de la connaissance et du savoir s'ouvrir grâce à la rencontre avec son instituteur. Concernant sa situation de paria, l'enfant n'est pas dupe et ne vit pas dans le déni, comme en témoignent les scènes du choix des vêtements ou de la rencontre avec la petite fille, qui sont autant d'ouvertures au monde réel.

Ce bidonville se trouve à quelques kilomètres de Paris, à portée de vue des tours de La Défense alors en construction. Pour vous, que représente cet envers du décor ?

C'est effectivement l'envers du décor doré des Trente Glorieuses, la France avait besoin de main d'œuvre et a incité l'immigration, mais ces populations de bidonville n'ont pas connu l'essor de cette époque. Il ne faut pas oublier non plus que le garçon arrive en 1962, date de l'indépendance de l'Algérie. Les passages sur sa vie antérieure en Algérie nous font comprendre à demi-mot la réalité de la guerre sur les populations. On perçoit également le courage de sa mère qui affronte la réalité du bidonville. J'ai hâte de découvrir la suite annoncée de ce roman qui se distingue par sa belle écriture et surtout par l'œil du cinéaste qu'est Medhi Charef.

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