Thomas Dutronc et -M-, frères de Corse

    Toujours au festival les Nuits de la guitare, nos reporteurs assistent à la rencontre de Thomas Dutronc et -M-, copains depuis l'enfance.

    Comme chaque été, «le Parisien» s'en va humer la campagne, raconter la France estivale, loin des métropoles et des autoroutes des vacances. Fêtes de village, bijoux discrets du patrimoine, musées insolites, artisans de talents... Notre camping-car emprunte les chemins de traverse pendant un mois et demi à la rencontre des terroirs, avec à son bord deux journalistes à l'affût.

    Dixième étape de notre tour de France : toujours en Haute-Corse

    KM 2400

    Le festival de Patrimonio (Haute-Corse) est l'un des rares où l'on peut assister aux « balances » des artistes. Il suffisait de passer hier après-midi au Théâtre de verdure pour voir répéter -M- et les musiciens de Lamomali, quelques heures avant leur concert. Une cinquantaine de fans et de curieux profitent de ce mini-show privé et gratuit lorsque apparaît sur scène... Thomas Dutronc. Matthieu Chedid l'étreint longuement, avant de tester à deux guitares sa chanson « la Bonne Etoile », qu'ils viendront jouer pour nous devant le camping-car lors d'un Facebook Live bon enfant.

    -M- a créé la surprise en invitant sur scène Thomas Dutronc, pour le plus grand plaisir des festivaliers. (LP/ Olivier Arandel)

    C'est la première fois qu'ils se retrouvent ensemble sur scène aux Nuits de la guitare, mais ces deux-là se connaissent depuis longtemps. « Depuis l'enfance, sourit Matthieu. Quand on se retrouve, on a 8 ans. L'âge qu'on avait quand on s'est connus à Paris. » Les deux artistes partagent une grande complicité et une même passion pour la guitare. Sur la Gibson qui nous accompagne dans notre périple (et que nous ferons bientôt gagner à un lecteur), Thomas signe « Vive Django » et Matthieu « Vive Jimi », en hommage à leurs héros respectifs, Reinhardt et Hendrix.

    Une longue histoire avec le festival

    Ils partagent aussi une histoire familiale forte avec la Corse. « T'es beaucoup plus corse que moi, lance Matthieu à Thomas. Tu viens beaucoup plus souvent. » « Tu ne penses pas si bien dire, puisque j'ai décidé d'habiter ici à la fin de ma tournée, en novembre, raconte Thomas. C'est ma mère (NDLR : Françoise Hardy) qui a découvert la Corse vers 1964. Et mon père y habite depuis. » « Moi, c'est ma grand-mère qui est venue il y a une cinquantaine d'années à Centuri avec les premiers Parisiens. »

    « Curieusement, c'est la toute première fois qu'on est sur scène ensemble en Corse », ajoute Matthieu. C'est d'autant plus étonnant que l'un et l'autre ont une longue histoire avec les Nuits de la guitare de Patrimonio. « C'est Thomas qui m'a parlé le premier du festival », précise Matthieu, qui y a joué trois fois. « J'y ai vu un paquet de concerts et joué plusieurs fois, dont l'année dernière, confirme Thomas. Le premier souvenir marquant, c'était à l'âge de 19 ans, Tchavolo Schmitt, un as de la guitare manouche que personne ne connaissait. Son allure, sa liberté, ont subjugué tout le monde. » Matthieu ajoute : « Sinon ici, il y a une grande bienveillance, une grande écoute du public. Il reste des connaisseurs de la guitare, mais le public est devenu plus familial. »

    Le festival est lui aussi familial. Parmi ses 200 bénévoles, certains viennent en famille depuis vingt-huit ans. Michel et son fils Jonathan, Jeannette et son fils Alexis... Jacqueline et sa fille Loïca, elles, s'occupent des loges des artistes. « Je suis venue la deuxième année, en 1991, et suis tombée immédiatement amoureuse de ce festival qui défend notre patrimoine et fait parler de Patrimonio dans le monde », raconte Jacqueline. « J'ai grandi ici, abonde sa fille. Petite, je nettoyais les chaises avec mon pote Jonathan. Trente ans plus tard, je vis et travaille à Paris, mais j'ai besoin de ces retrouvailles chaque été. Rien ne peut m'empêcher de revenir. » Surtout pas son chéri. Elle l'a rencontré il y a quatre ans dans les coulisses du festival. Sous une bonne étoile. Celui qu'elle aime, c'est -M-.

    M et Thomas Dutronc en duo à Patrimonio

    Matthieu Chedid - M - et Thomas Dutronc en duo à Patrimonio

    Posted by Le Parisien on Wednesday, July 19, 2017

    Sur le chemin j'ai rencontré ... Deux vignerons au grand cœur

    Henri Orenga de Gaffory et Mathieu Piazza-Alessandrini ont créé une cuvée spéciale. (LP/ Olivier Arandel)

    KM 2 380

    On vient aussi à Patrimonio pour sa quarantaine de domaines viticoles. C'est une belle histoire qui nous mène hier matin à la sortie du village dans une cave qui sent bon le vin et l'art contemporain. Deux vignerons et deux domaines y sont réunis pour le meilleur : Mathieu Piazza-Alessandrini, 38 ans, et son Clos San Quilico, Henri Orenga de Gaffory, 69 ans, et le domaine du même nom. « Notre terrain viticole était à l'abandon lorsque Henri nous a aidé à la relancer, explique Mathieu. De nombreux jeunes Corses, comme moi, se réapproprient leur patrimoine, leurs savoir-faire... On appelle ça le riaquistu, la réacquisition. »

    Solidarité

    Ensemble, ils soutiennent une initiative de la mère de Matthieu Chedid, Marianne, « pour sauver une petite chapelle à Centuri, près de la maison familiale ». L'an dernier, -M- a donné deux concerts sur place dont la recette a sauvé la chapelle et le clocher. Cette année, ils se sont alliés pour créer une cuvée d'artiste la Chapelle Sainte-Anne de Bovalo* dont l'étiquette a été dessinée par Matthieu Chedid. Les bouteilles de vin blanc et de rosé sont vendues 20 € chacune au profit intégral de l'association créée pour sauver l'édifice religieux.

    *L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération