Boeing sous la menace d’une grève paralysante pour les usines du 737 et du 777

Boeing risque d’affronter à partir de vendredi une grève qui gèlerait la production de son avion vedette, le 737 et du gros-porteur 777. Un nouveau coup dur pour l’avionneur déjà endetté de 60 milliards de dollars.

Les salariés de Boeing doivent se prononcer sur la nouvelle convention collective de l'avionneur américain. REUTERS
Les salariés de Boeing doivent se prononcer sur la nouvelle convention collective de l'avionneur américain. REUTERS

    Dans la tourmente depuis des mois pour des problèmes de fiabilité de ses avions et récemment de sa navette spatiale, cette fois-ci, Boeing va vivre une journée à haut risque qui pourrait se solder par une grève dans les chaînes d’assemblage de son avion vedette, le 737 et du gros-porteur 777.

    Les 30 000 salariés de l’avionneur américain qui fabriquent les 737 MAX, 767 et 777 de Boeing à Portland (Oregon) et dans la région de Seattle doivent se prononcer sur la nouvelle convention collective de l’entreprise, une première depuis 16 ans. Un accord préliminaire a été annoncé le 8 septembre, fruit de plusieurs mois de négociations entre la direction du géant aéronautique et l’antenne locale du syndicat des machinistes (IAM).

    Cet accord prévoit une augmentation générale des salaires de 25 %, une prime à la signature de 3 000 dollars et l’engagement de construire le prochain avion commercial de Boeing dans la région de Seattle, à condition que le programme soit lancé au cours des quatre années du contrat. En outre, l’accord propose, par exemple, un nouveau plan de congé parental d’une durée maximale de 12 semaines qui dépasse tout ce que prévoient les lois en vigueur dans les États de Washington et de l’Oregon. Enfin, les syndicats ont obtenu la réduction des heures supplémentaires obligatoires afin que les travailleurs ne soient pas obligés de travailler des week-ends consécutifs.

    Des hausses de salaire insuffisantes

    Sauf que dans les usines, cet accord est très loin de faire l’unanimité. Le mécontentement des travailleurs s’est déjà manifesté dans certaines usines de Boeing de la région de Seattle, où les employés ont organisé des marches, tapé sur des casseroles et fait retentir des klaxons cette semaine. Ils réclament une augmentation de salaire plus proche de sa position initiale, à savoir 40 % sur trois ou quatre ans. D’autres ont montré leurs mécontents en raison de la perte d’une prime annuelle qui représentait en moyenne 3,7 % des revenus au cours des 20 dernières années.

    Toutefois, pour déclencher une grève, les opposants à ce projet de nouvelle convention collective syndicats doivent obtenir une majorité des deux tiers, ce qui est loin d’être gagné.

    En attendant, l’entreprise tire la sonnette d’alarme en cas de grève. Stephanie Pope, présidente de Boeing Aviation Commerciale (BCA), est montée au créneau pour défendre le texte. Selon elle, il prévoit la plus importante hausse salariale jamais accordée et, ce, malgré l’endettement de quelque 60 milliards de dollars de l’avionneur. « Ce n’est un secret pour personne : notre activité traverse une période difficile, en partie à cause de nos propres erreurs du passé. Une grève mettrait en péril notre reprise commune », a expliqué le nouveau PDG de Boeing, Kelly Ortberg, qui a succédé le 8 août à Dave Calhoun, et s’est engagé à « réinitialiser » avec les syndicats.

    Selon les spécialistes, une grève de 50 jours pourrait coûter à Boeing entre 3 et 3,5 milliards de dollars de liquidités. La dernière grève des travailleurs de Boeing, en 2008, a entraîné la fermeture des usines pendant 52 jours et un impact sur le chiffre d’affaires estimé à 100 millions de dollars par jour.