Bienveillance au travail : ces cadres invités à confier leurs soucis en comité de direction

Les managers de cette entreprise peuvent, en début de chaque comité de direction, s’épancher sur leur vie personnelle.

 Derichebourg a décidé d’instaurer ces sessions de confidences après être « passé à côté » des souffrances d’un cadre, qui avait perdu un très proche.
Derichebourg a décidé d’instaurer ces sessions de confidences après être « passé à côté » des souffrances d’un cadre, qui avait perdu un très proche. DR

    C'est un rituel à chaque ouverture de comité de direction chez Derichebourg Multiservices, géant du service aux entreprises qui compte 30 000 employés : durant les 30 premières minutes, les 18 cadres de la maison sont invités, s'ils le souhaitent, à se donner une note sur dix évaluant, pour le mois passé, leur rendement professionnel et une autre portant sur leur… vie personnelle !

    « Je suis toujours le premier à commencer, je donne le ton », dévoile le PDG Boris Derichebourg. « L'idée, c'est de voir comment va chaque personne, qui se met ainsi à nu de manière très honnête et bien sûr confidentielle. L'une va, par exemple, expliquer qu'avec les enfants, c'est un peu dur et qu'elle est sur les nerfs, une autre qu'elle doit gérer une séparation et qu'elle manque de sommeil », souligne le patron âgé de 41 ans.

    Selon lui, savoir, « sans être intrusif », qu'un collaborateur a des soucis familiaux qui « peuvent impacter » son boulot permet de faire preuve ensuite de bienveillance. « On comprend pourquoi il est moins efficace et on peut lui suggérer de prendre deux jours de repos. Le gars est alors reconnaissant. Quand on sait, on a déjà à moitié réglé le problème, ça facilite de parler et de partager », estime-t-il.

    Des sessions de confidences

    « Si on ne sait pas, on va tomber dans le reproche, le supérieur va lui mettre une pression supplémentaire. On peut vouloir cacher ses failles. Mais à un moment donné, elles finissent toujours par rentrer dans le monde de l'entreprise », poursuit celui qui brise le sacro-saint principe du « On ne mélange pas vie pro et vie perso ».

    Sa société a décidé d'instaurer ces sessions de confidences, systématiquement à l'ordre du jour, après être « passée à côté » des souffrances d'un cadre qui « ne performait plus ». « Il avait perdu un très proche. Mais on ne l'a appris qu'au bout de deux mois », se souvient-il. À chaque tour de table des cols blancs, « tout le monde joue le jeu » et s'épanche. « Mais les générations les plus jeunes s'expriment plus facilement que les aînés », observe-t-il.