Grève chez Air France : la direction tente un coup pour sortir du conflit salarial

La direction demande l’ouverture rapide de négociations sur les salaires couvrant 2019 à 2021 avec une «suspension du conflit» pendant les discussions.

 Ce mardi, Air France devait maintenir  65% des vols long-courriers, 73% des moyen-courriers depuis et vers Roissy, et 80% des court-courriers à Orly et en région. (Illustration)
Ce mardi, Air France devait maintenir 65% des vols long-courriers, 73% des moyen-courriers depuis et vers Roissy, et 80% des court-courriers à Orly et en région. (Illustration) AFP

    Pour sortir du conflit en cours depuis février, Air France a proposé mardi aux syndicats l'ouverture rapide d'une négociation sur les salaires couvrant 2019 à 2021. Cette tentative de conciliation intervient à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation qui conduit la compagnie à annuler environ 30% des vols, après 25% mardi. Une «main tendue» fraîchement accueillie par les pilotes.

    Quelques minutes après que l'intersyndicale a dénoncé «l'inaptitude au dialogue de la direction», cette dernière a annoncé dans un message interne aux salariés qu'elle invitait les syndicats à négocier dès jeudi un accord triennal pouvant inclure, en 2018, une revalorisation de 2% des grilles salariales, contre 1% en deux temps prévu actuellement.

    «Je veux croire que les organisations syndicales (saisiront) cette main tendue qui permet à la fois de répondre aux revendications et en même temps d'inscrire Air France sur sa trajectoire (de croissance)», a commenté Franck Terner, le directeur général de la compagnie, auprès de journalistes.

    6% d'augmentation ? Impossible, selon la direction

    Pour la direction, accorder 6% d'augmentation, comme le veulent les syndicats, est impossible au regard des résultats d'Air France qui, même s'ils «se sont largement améliorés» en 2017, restent « assez fragiles » et « en dessous » de ceux de la concurrence. « Nous ne pouvons pas brutalement augmenter de 240 millions nos coûts », sauf à réaliser « un retour en arrière », a-t-il plaidé. « Ne pas lever les préavis de grève déposés, alors que nous serions en négociation, serait incompréhensible », a ajouté le dirigeant dans le message interne.

    Il y précise que la «négociation engagée depuis deux semaines» avec les organisations représentatives de pilotes reprendra «lundi prochain autour des thèmes spécifiques pilotes ».

    Une proposition «pas sérieuse»

    Les syndicats de pilotes SNPL et Spaf ont peu goûté cette communication. « Nous aurions aimé l'apprendre autrement que par un mail adressé à tous les personnels, parlant de négociations qui n'ont pas eu lieu!», a réagi Grégoire Aplincourt, président du deuxième syndicat de pilotes (Spaf). «Le courriel de M. Terner est un peu méprisant dans ses termes et il propose » quelque chose qui n'a ni queue ni tête », a commenté Philippe Evain, patron du SNPL, majoritaire dans les cockpits d'Air France.

    Selon lui, le dirigeant de la compagnie « propose de lever le conflit » sans rien obtenir de concret en échange. « C'est vraiment pas sérieux et pas à la hauteur de la problématique », qui est de « rembourser » l'argent que le personnel a « prêté » à la compagnie ces derniers années, a-t-il insisté.

    L'intersyndicale s'exprimera mercredi à 11 heures devant le siège de la compagnie à Roissy, où un rassemblement de grévistes est prévu. Un appel à la grève est lancé pour les 17 et 18 avril ainsi que les 23 et 24 avril.

    Les prévisions pour mercredi