Grève : pourquoi les cars de substitution en Ile-de-France ont fait un flop

Les navettes mises en place entre Aulnay-Sous-Bois et Massy, prévues initialement dès jeudi, n’ont déplacé quasiment aucun voyageur jusqu’à vendredi soir. L’initiative, sur laquelle comptait le gouvernement, ne devrait pas être renouvelée.

 Deux cars de la compagnie FlixBus ont été mis en circulation en Ile-de-France vendredi, mais ils n’ont embarqué quasiment aucun voyageur
Deux cars de la compagnie FlixBus ont été mis en circulation en Ile-de-France vendredi, mais ils n’ont embarqué quasiment aucun voyageur LP/Olivier Boitet

    Un faux départ, quasiment aucun voyageur, et un gros raté. Les cars de substitution, mis en place vendredi en Ile-de-France pour permettre à des Franciliens pénalisés par la grève contre la réforme des retraites de se déplacer, ont été un échec total. Sans grande surprise, cette opération, annoncée initialement pour « ces jours de grève », ne sera pas renouvelée (en tout cas sous cette forme) la semaine prochaine.

    Tout débute le 28 novembre dernier. Le cabinet du ministre en charge des Transports Jean-Baptiste Djebbari indique au Parisien envisager de faire appel à des « cars Macron ». Ces derniers effectuent des trajets en France depuis la loi Macron de 2015, qui a libéralisé le trafic. Ces véhicules pourraient transporter des passagers à Paris, notamment sur l'axe Nord-Sud, imagine-t-on alors au gouvernement.

    Aucun car jeudi

    Le premier gros accroc arrive jeudi matin, premier jour de la grosse mobilisation sociale annoncée. Jean-Baptiste Djebbari indique que, finalement, aucun car ne roule. Mais il en rejette la responsabilité sur la Mairie de Paris, affirmant sur RTL qu'Anne Hidalgo « n'est pas tout à fait favorable à ce que les cars desservent plusieurs points dans Paris ».

    Il faut dire qu'il y a plusieurs écueils réglementaires à prendre en compte. D'une part, les « cars Macron » n'ont pas le droit de commercialiser des liaisons en dessous de 40 km. D'autre part, ils n'ont pas le droit de desservir Paris, sauf à la gare de Bercy ou à celle de Gallieni, dans l'est de la capitale.

    Finalement, après échanges réguliers dans la journée de jeudi entre le cabinet du ministre et la compagnie FlixBus, deux cars sont mis en place pour vendredi. L'annonce est d'abord faite, peu avant minuit jeudi soir sur Twitter, par Jean-Baptiste Djebbari.

    Dans le détail, les deux navettes de 60 places chacune ont effectué huit allers-retours entre Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et Massy (Essonne), en passant par la gare de Bercy à Paris. FlixBus assure ce samedi au Parisien que le trajet a été « imaginé et souhaité par le cabinet du ministre ». La compagnie indique s'être ensuite chargée de trouver les conducteurs et les véhicules disponibles.

    « Nous avons fait le job »

    Sauf que l'initiative reste assez inaperçue. Seuls quelques médias, dont Le Parisien et France Bleu, la relaient vendredi matin. Et toute la journée, quasiment aucun voyageur ne montera dans ces cars, qui ont roulé presque à vide. Un comble, alors que le niveau de bouchons en Ile-de-France a frôlé des niveaux records aux heures de pointe du matin puis du début de soirée!

    Selon des échanges de messages que nous avons pu consulter, un déplacement du ministre consacré à ces cars de substitution était prévu vendredi après-midi, mais il n'a pas eu lieu.

    Le cabinet de Jean-Baptiste Djebbari (qui ne nous a pas répondu ce samedi matin) a reconnu dans Le Point vendredi avoir « eu un petit souci sur la communication ». « Si on parle de flop, cela ne concerne absolument pas FlixBus. Nous avons fait le job », martèle la compagnie, qui s'étonne du manque de communication de la part des autorités et confirme que cette initiative en restera là.

    Lundi, le trafic RATP sera pourtant toujours « très perturbé ». Mais si le gouvernement veut proposer aux Franciliens des solutions alternatives pour se déplacer, il devra trouver autre chose.