Il fait revivre le métier de gantier à Grenoble

Grenoble (Isère)

Il fait revivre le métier de gantier à Grenoble

    Le dernier artisan gantier de Grenoble vient d'ouvrir une boutique en plein centre-ville, 10, rue Voltaire. Jean Strazzeri, 59 ans, qui travaille presque « caché » dans son atelier de Fontaine, dans la banlieue grenobloise, entend ainsi démontrer que le célèbre gant de Grenoble n'est pas mort : « Je fais visiter mon atelier dans le cadre des Journées du patrimoine et les gens me demandent souvent Où peut-on acheter vos gants ? Jusqu'à présent, ils n'étaient vendus que dans certaines boutiques parisiennes ou à l'export. L'impératrice du Japon en porte tout comme Audrey Tautou dans une pub pour Chanel. J'ai donc voulu avec cette boutique faire redécouvrir aux Grenoblois les vrais gants de Grenoble fabriqués en peau de chevreau », explique Jean Strazzeri, seul meilleur ouvrier de France dans le milieu de la ganterie.

    Aux XVIIIe et XIXe siècles, Grenoble était la capitale française de la ganterie et rayonnait même à travers le monde entier grâce au savoir- faire de ses artisans gantiers. Plus de la moitié de la population vivait de cette activité et la ville comptait près de 200 ateliers. Avec l'industrialisation, la ganterie grenobloise a périclité. Mais Jean Strazzeri n'a jamais voulu jeter les gants. Et les Grenoblois qui découvrent aujourd'hui sa boutique, tenue par sa fille Julie, 28 ans, sont conquis : « Ã?a fait plaisir de revoir les beaux gants de Grenoble d'autrefois alors que maintenant tout vient de Chine. D'ailleurs ma grand-mère fabriquait aussi des gants », explique Simone, 62 ans. « Ã?a, c'est de la qualité. Ce ne sont pas des gants jetables comme ceux qu'on trouve dans les grandes surfaces », s'exclame Frédéric.

    « Je me bats pour conserver ce savoir-faire »

    Jean Strazzeri rêve maintenant de créer à Saint- Martin-d'Hères (Isère) un grand musée vivant de la ganterie. « Car je me bats pour conserver ce savoir-faire, mais aussi pour former des jeunes afin que la ganterie ne meure pas à Grenoble. » Bizarrement, les élus locaux tardent à soutenir cette initiative. Mais Jean Strazzeri est prêt à relever le gant car celui qui est aussi président de la Fédération française de la ganterie a « une main de fer dans un gant de velours ».