L’équilibre des systèmes des retraites repoussé à… 2056

Selon le Conseil d’orientation des retraites, si rien n’est fait, le déficit des systèmes des retraites devrait atteindre en 2022 près de 0,4 % du PIB.

 Selon le rapport du COR, le niveau de vie des retraités qui est actuellement en moyenne supérieur au reste de la population devrait s’inverser d’ici 2040.
Selon le rapport du COR, le niveau de vie des retraités qui est actuellement en moyenne supérieur au reste de la population devrait s’inverser d’ici 2040. LP/Olivier Corsan

    Édouard Philippe, dans son discours de politique générale ce mercredi à l'Assemblée nationale, va forcément devoir le prendre en compte. Le rapport annuel du Conseil d'orientation des retraites (COR), dont les grandes lignes ont fuité alors qu'il ne devait être dévoilé que jeudi, dresse un bilan sombre sur l'avenir des systèmes des retraites.

    Alors que la réforme des régimes des retraites doit être présentée en juillet avec l'instauration d'un régime universel par point pour une entrée en vigueur en 2025, ces chiffres risquent de compliquer sérieusement la tâche du gouvernement.

    Le déficit des systèmes de retraites va se creuser

    Selon le COR, le déficit des systèmes des retraites, si rien n'est fait, devrait atteindre en 2022 0,4 point de PIB, soit un besoin de financement de plus 9 milliards d'euros…

    Autre mauvaise nouvelle, selon plusieurs scénarios, le COR prévoit que l'équilibre ne serait de retour qu'à partir de 2056 à condition que la croissance des revenus d'activité (la rémunération des salariés) soit en moyenne de 1,5 % par an. En dessous de 1,5 %, l'horizon s'éloigne encore un peu plus à 2070…

    En 2018, 324,5 milliards d'euros ont été versés par les systèmes de retraite, soit 13,8 % du PIB. Dans le détail, 286,3 milliards d'euros ont été consacrés aux pensions dites de « droit direct » et 36,1 milliards à celles de droit dérivé comme les pensions de réversion.

    Depuis 2017, le système était presque revenu à l'équilibre grâce à la réforme de 2010 qui a décalé de 60 à 62 ans l'âge légal de départ à la retraite. En 2018, les besoins de financement du dispositif étaient estimés à 0,1 % du PIB, soit près de 2,9 milliards d'euros.

    Sauf que la situation devrait rapidement se dégrader d'ici à 2022 avec une baisse des ressources du système de retraite rapportée au PIB. Même si la promesse de supprimer 120 000 postes dans la fonction publique a désormais du plomb dans l'aile, le COR l'a intégrée à ses travaux.

    Par ailleurs, si la volonté du gouvernement est d'instaurer un régime universel, selon le COR, les régimes spéciaux cotisent plus que la moyenne. Par conséquent cela va se traduire par de moindres rentrées d'argent dans le système. Seul point positif, les dépenses ne devraient pas augmenter.

    Face à cette situation, le débat sur la réforme des retraites promet d'être houleux à l'automne. Cela va pousser certains à demander des mesures d'économies à court terme : rallonger la durée de cotisation nécessaire pour l'obtention du taux plein, décote des pensions pour ceux qui partent à la retraite avant un « âge-pivot » situé aux alentours de 63 ou 64 ans…

    Baisse du niveau de vie des retraités

    Et les retraités dans tout cela ? Selon le rapport du COR, le revenu des retraités qui progressait jusqu'en 2010 a quasiment cessé de s'améliorer depuis. Même si le niveau des pensions a progressé, la hausse des prélèvements sociaux ou encore des revenus du patrimoine a fortement pesé sur cette catégorie de la population.

    Et le COR de prévenir que si actuellement le niveau de vie des retraités est en moyenne supérieur par rapport à celui de l'ensemble de la population, ce rapport devrait s'inverser d'ici 2040.