Machine à oxygène à l’arrêt, hôtel évacué... les coupures d’électricité volontaires sèment la pagaille

Les coupures de courant de lundi et mardi, revendiquées par la CGT, ont plongé dans le noir des dizaines de milliers de foyers en Gironde, à Lyon, Nantes ou Orléans.

 Mardi, la CGT a revendiqué des coupures d’électricité volontaires, « liées à la grève », qui ont brièvement privé de courant, selon le gestionnaire du réseau RTE, des dizaines de milliers de foyers en Gironde, à Lyon, Nantes ou Orléans.
Mardi, la CGT a revendiqué des coupures d’électricité volontaires, « liées à la grève », qui ont brièvement privé de courant, selon le gestionnaire du réseau RTE, des dizaines de milliers de foyers en Gironde, à Lyon, Nantes ou Orléans. AFP/PHILIPPE HUGHEN

    La méthode est loin d'être nouvelle. Déjà, en 2009, les coupures d'électricité pratiquées par les salariés en grève d'ERDF et GRDF avaient fait bondir le ministre de l'Intérieur de l'époque, Brice Hortefeux. Ce mercredi 18 décembre, c'est la ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne, qui a condamné « très fermement » des « actes graves ». Depuis plusieurs jours, plusieurs villes sont touchées par des coupures de courant, revendiquées par la CGT pour dénoncer le projet de réforme des retraites. Pour certains, l'opération a été indolore. Mais, pour d'autres, la situation a parfois été compliquée à gérer.

    « C'est un stress dont nous n'avions pas besoin »

    Mardi en fin de journée, à Troyes, l'hôtel de Marie* a soudain été plongé dans le noir. « Nous avons eu une coupure d'électricité de 17h30 à 18h50 », raconte la responsable auprès du Parisien. Elle l'ignore à ce moment-là, mais c'est la zone commerciale « Be green », située près de son établissement, qui est visée par une action de la FNME-CGT « en réponse à l'inaction du gouvernement », selon un communiqué cité l'Est-Éclair.

    Sauf que comme lors de précédentes actions, ces coupures « ciblées » ne touchent pas uniquement les lieux visés. « Il y a eu des dommages collatéraux », avait reconnu Xavier Charreyron, secrétaire départemental CGT-Energie après un black-out électrique à Perpignan qui avait laissé 5000 foyers sans courant.

    « Nous avons dû évacuer tous nos clients car, sans électricité, ce n'était pas gérable, raconte-t-elle. Nous avons orienté ceux qui avaient des réservations dans un autre établissement de la chaîne ». Les produits frais de restauration, sous-vides, ont pu être conservés. « Le restaurant a pu ouvrir, mais ils se sont fait une frayeur. Nous avons limité la casse. Mais c'est un stress dont nous n'avions pas besoin », témoigne Marie.

    Aucun feu de circulation

    À Lyon, sur Twitter, un religieux a raconté la frayeur d'un « frère » de 91 ans en insuffisance respiratoire, après l'arrêt, durant 45 minutes de sa machine à oxygène. Contacté par Le Figaro, le frère Benoît, responsable des aspects techniques du couvent Saint-Nom-de-Jésus à Lyon, précise que le frère Martin avait une réserve d'oxygène pour deux heures, mais « qu'en l'absence d'informations sur la coupure d'électricité, toutes les possibilités ont été évoquées », rapporte le journal. « Nous étions sur le point de le faire transporter vers l'hôpital. Nous avions également contacté son fournisseur d'oxygène médical pour être éventuellement fournis en urgence », explique le frère Benoît.

    En voiture, au niveau de la Cité internationale dans VIe arrondissement de Lyon, Julien a, lui, été surpris… au volant. « Tous les feux de circulation se sont éteints, et tous les commerces cours Vitton aussi », témoigne-t-il auprès du Parisien. Même constat dans les rues d'Aix-en-Provence, où la fille de Myriam se trouvait jeudi dernier. « Elle était dans un restaurant et tout s'est arrêté durant une heure », raconte-t-elle.

    En sortant, sa fille manque de se faire renverser. « Il n'y avait plus de feux de circulation. La personne a pilé, heureusement, mais elle a eu super peur », poursuit Myriam. « À cause de la coupure, une de ses amies en troisième année de droit est restée coincée une demi-heure dans l'ascenseur et est arrivée en retard à ses partiels », assure-t-elle. Sur Twitter, la ville d'Aix confirme un incident le 12 décembre, évoquant « des actes de malveillance ».

    * Le prénom a été changé