Brexit : vendredi, journée de panique sur les marchés financiers

LE FAIT DU JOUR. Près de 52 % des électeurs britanniques ont voté « leave ». Une première dans l'histoire de l'Union européenne, qui va passer de 28 à 27 membres. Récit de la folle journée de vendredi du côté de certains marchés financiers.

    Douche froide dès le réveil pour tout le monde. Qu'ils aient voté pour ou contre la sortie de l'Europe, les Britanniques ont dû se faire peur hier matin en constatant le séisme mondial boursier que leur vote a suscité. Leur monnaie, la livre sterling, avait décroché face à l'euro et au dollar, pour retomber à son niveau de... 1985. Avec des répliques dans le monde entier. Choc dans le choc, à part l'Espagne, les places les plus violemment touchées hier en Europe étaient Paris et Francfort et non pas Londres, qui a clôturé à - 2,76 % tout de même... Les Bourses des deux piliers de l'Europe ont chuté respectivement de 8,04 et 6,82 %. Les investisseurs seraient-ils plus inquiets pour la nouvelle Europe à 27 que pour le Royaume-Uni ?

    En réalité, de Tokyo (- 7,92 %) à New York (- 3,39 %) en passant par Hongkong, Shanghai (- 1,30 %), Moscou (- 2,94 %), Madrid (- 12,22 %)... pas une Bourse n'a résisté à la déferlante Brexit. Avec l'impression d'une réplique des secousses ayant suivi un certain 15 septembre 2008, lorsque la gigantesque faillite de la banque américaine Lehman Brothers avait été révélée. « C'est l'un des plus gros chocs sur les marchés de tous les temps », commentait hier Joe Rundle, analyste chez ETX Capital, qui redoute des conséquences « probablement plus importantes que tous les événements survenus depuis la faillite de la banque Lehman Brothers » (voir notre infographie). Hier en Europe, c'est le secteur bancaire qui a été le plus malmené, particulièrement en France, où le titre BNP Paribas a perdu... 16,62 %, et celui de la Société générale plus de 20 % !

    Si Londres s'en est un peu mieux sorti vendredi, « c'est parce que les Américains, toujours méfiants face à l'incertitude, avaient anticipé un Brexit et commencé à rapatrier de Londres leurs actifs boursiers, explique Mathieu Dubicq, gérant de fonds chez Skylar. Je pense qu'hier ils ont élargi ce mouvement de retrait. Et, il faut le reconnaître, comme personne ne s'attendait à un tel résultat du référendum, il y a eu un vrai mouvement de panique exagéré sur tous les marchés hier ».

    L'expert veut relativiser  : « L'Europe n'est pas tombée hier à son plus bas niveau de l'année, qui remonte à février dernier. » Il se dit même « moins inquiet qu'en 2011, lorsque les Bourses avaient dévissé devant le problème des dettes espagnole et italienne, sans parler de celles du Portugal et de la Grèce. Les taux d'emprunt à dix ans étaient alors remontés à 7-8 % ! Aujourd'hui (NDLR : hier), ces taux ont même encore baissé pour la France et l'Allemagne ».

    « La réaction des marchés financiers est épidermique, car ayant été pris à rebrousse-poil, analyse de son côté François Chaulet, directeur associé chez Montségur-Finances. Seule une réponse politique forte et rapide de l'Europe pourra la lever, même si elle doit pénaliser l'économie anglaise », estime l'économiste. « Tout le monde attend maintenant la suite, la réaction des banques centrales, notamment la Banque centrale européenne (BCE), conclut Mathieu Dubicq, qui reste optimiste. Notre chance, c'est d'avoir Mario Draghi à sa tête : il connaît très bien les marchés, et réagit toujours vite. »