Plan hôpital : réunion au sommet ce mardi matin

Édouard Philippe réunit ce mardi à Matignon plusieurs ministres, notamment Agnès Buzyn et Gérald Darmanin, pour finaliser le plan qui doit répondre au malaise de l’hôpital public et sera dévoilé ce mercredi.

 Édouard Philippe réunit ce mardi plusieurs ministres pour fixer définitivement le « Plan renforcé » pour l’hôpital.
Édouard Philippe réunit ce mardi plusieurs ministres pour fixer définitivement le « Plan renforcé » pour l’hôpital. AFP/Thomas Samson

    Ils sont attendus à 9h30 tapantes au 57, rue de Varenne par Édouard Philippe. Au programme, deux heures de réunion et des arbitrages sensibles. Autour de la table : le Premier ministre, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, celui de l'Action et des comptes publics, Gérald Darmanin, accompagné d'Olivier Dussopt, son secrétaire d'Etat, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, ainsi que des conseillers, dont celui de l'Elysée.

    Mission : arrêter définitivement, et à l'unanimité pour éviter les fausses notes, le « Plan renforcé » pour l'hôpital assorti d'un « budget sur plusieurs années », promis le 14 novembre par le président Macron, au moment même où les personnels hospitaliers protestaient massivement dans les rues contre la pénurie des moyens de l'hôpital. Un plan que doit dévoiler Édouard Philippe ce mercredi, au sortir du Conseil des ministres.

    Info sous cloche. Jusqu'à lundi soir, rien n'avait clairement filtré puisque plusieurs points n'étaient pas encore tranchés, glissait-on à Bercy. Même les députés de la majorité ont été tenus à l'écart, jusqu'au rapporteur du budget de la Sécurité sociale, Olivier Véran, qui ne cachait pas la semaine dernière son agacement. « Dès qu'on dit quelque chose à un député, on le retrouve dans les journaux », répliquait l'entourage d'Agnès Buzyn pour justifier cette mise sous cloche de l'information.

    Déjà deux plans en six mois. Après plusieurs semaines de bras de fer interministériel, particulièrement entre Agnès Buzyn et Gérald Darmanin, la réponse aux manifestants achève donc de se dessiner ce mardi. Pour le gouvernement, après le plan à 70 millions d'euros (M€) annoncé en juin pour les urgences, après le plan à 750 M€ sur quatre ans annoncé en septembre pour l'ensemble de l'hôpital, c'est le plan de la dernière chance.

    L'hôpital consacre 840 M€ par an aux intérêts de sa dette. Plusieurs pistes ont été passées au crible des ministères. Parmi elles, deux tiennent la corde. D'abord celle de la reprise de la dette des hôpitaux, dont le remboursement plombe l'investissement. Après un pic à 30,8 milliards d'euros (Mds€) fin 2017, cette dette cumulée s'est stabilisée l'an dernier à 29,5 milliards, soit 42 % du chiffre d'affaires des 1000 hôpitaux publics. Cette solution apporterait une sacrée bouffée d'oxygène puisque chaque année, rien que pour payer les intérêts de leur dette, les hôpitaux publics déboursent 840 M€ !

    Après que Bercy a indiqué que cette piste n'était « pas sur la table », Bruno Le Maire a rétropédalé dimanche, sur BFMTV, indiquant qu'il n'était finalement pas hostile à la reprise de cette dette. Mais laquelle? Il se pourrait qu'une voie médiane soit choisie, celle de ne reprendre la dette que de certains hôpitaux, au vu de leur situation particulière et locale. Pour mémoire, la moitié des hôpitaux publics finissent régulièrement l'année en déficit. Conséquence : entre 2012 et 2018, les investissements annuels ont chuté de 6 à 3,9 milliards d'euros.

    C'est un des marqueurs très attendus par les députés de la majorité, comme la députée Carole Grandjean (Meurthe-et-Moselle), confrontée au fort endettement de l'hôpital de Nancy (400 M€) et dont le projet de réorganisation nécessite 500 M€ d'argent frais. « Il faut accompagner financièrement les réorganisations », insiste l'élue En Marche !

    250 millions dès 2020. Autre piste : l'Ondam, c'est-à-dire l'objectif national de dépenses d'assurance maladie, dont le taux d'évolution, voté chaque année par le Parlement, a été fixé à 2,1 % pour l'hôpital en 2020. Un recul qui obligera les établissements à trouver 800 M€ d'économies pour compenser la hausse naturelle des dépenses (environ 3,5 %). Inquiète, la Fédération hospitalière de France, FHF, qui représente l'hôpital public, a réclamé il y a deux semaines un geste immédiat : un coup de pouce de 250 M€ dès 2020. Il semblerait qu'elle ait été entendue.

    Revalorisations salariales. D'autres mesures sont très attendues par les collectifs de personnels, notamment sur la revalorisation des salaires, indispensable pour redorer l'attractivité de l'hôpital. Emmanuel Macron avait évoqué une bonification sur les débuts de carrières des paramédicaux et des médecins, oubliant le problème de la fidélisation des plus anciens, souvent tentés par un secteur privé plus généreux. Cette revalorisation pourrait se faire sur quatre ans.

    Contreparties. Enfin, on sait peu de choses des contreparties que ne manquera pas de réclamer le gouvernement. « Les solutions ne sont pas que budgétaires, il faut repenser l'organisation de l'hôpital », glisse un député de la majorité qui attend un plan « ambitieux et réaliste ». « Il y a des marges », assure-t-on à Bercy, citant par exemple « un fort absentéisme » et « beaucoup de chefs au regard des exécutants »…