Faible augmentation des retraites : «J’ai l’impression qu’on s’acharne sur nous»

Claude, 81 ans, retraité, regrette que le gouvernement ait décidé de limiter l’augmentation des pensions de retraite à 0,3 %, bien en dessous du niveau de l’inflation.

 Paris, mercredi 29 août 2018. Claude a perdu environ 50 euros par mois avec la hausse de la CSG, soit 600 euros sur un an.
Paris, mercredi 29 août 2018. Claude a perdu environ 50 euros par mois avec la hausse de la CSG, soit 600 euros sur un an. LP/Olivier Arandel

    Il a suivi avec attention les dernières annonces du gouvernement. Après la hausse de la CSG au début de l'année, le Premier ministre, Edouard Philippe, a indiqué que les pensions de retraite ne devraient augmenter que de 0,3 % en 2019. Bien en dessous du niveau de l'inflation, 2,3 % sur un an en juillet dernier selon l'Insee.

    « J'ai l'impression qu'on s'acharne sur les moins riches, les plus précaires, peste Claude, un retraité qui a fait carrière à la Caisse d'allocations familiales (CAF). On nous prend du pouvoir d'achat chaque année, ce n'est pas juste. »

    Et pourtant, Claude, 81 ans, reconnaît qu'il n'est pas à plaindre. Avec sa femme, ils perçoivent à eux deux 3 200 euros par mois de pensions. « Mais c'est en partie grâce à ma retraite complémentaire d'ancien combattant, raconte-t-il. J'ai fait l'Algérie… Aujourd'hui, je trouve cela choquant qu'on nous enlève notre dû. Nous avons travaillé toute notre vie. On a le droit de profiter. »

    Moins de taxe d'habitation, mais une CSG en hausse

    Dans les faits, le couple a perdu environ 50 euros par mois avec la hausse de la CSG, soit 600 euros sur un an. Cette année, grâce à la suppression d'un tiers de la taxe d'habitation, Claude et son épouse devraient économiser 300 euros sur les 900 euros de leur facture. « Ça, c'est une bonne chose, concède-t-il. Mais cela ne compense pas la hausse de la CSG. Ni la perte de pouvoir d'achat qui nous attend en 2019! Et là, je ne sais pas encore à quel point ça va faire mal… »

    Le retraité a pourtant fait une partie de ses comptes. S'il ne fume pas, ses dépenses en essence ont explosé ces derniers mois. « Avant, je faisais le plein avec 55 ou 60 euros. Désormais, il faut sortir 70 euros à chaque fois. Partir voir ma fille en Mayenne nous coûte beaucoup plus cher. »

    « Le délicieux fromager du quartier, je n'y vais plus ! »

    Du coup, sans se serrer la ceinture, le couple, propriétaire de son appartement à Paris (XVe), scrute davantage ses dépenses. « On consomme toujours, mais un peu moins, précise-t-il. Le délicieux fromager du quartier, je n'y vais plus ! ».

    A-t-il l'impression d'être le mal-aimé du gouvernement, qui privilégie les actifs? Claude refuse d'entrer dans ce débat. « Je crois qu'il est dangereux d'opposer les générations, lâche-t-il. Tant mieux si les actifs bénéficient de petits coups de pouce mais, en réalité, s'ils vivent soi-disant moins bien que les retraités en 2018, c'est surtout parce que le smic est trop bas! »