Réforme des retraites : un «âge pivot» pour repousser le départ

Le Premier ministre a annoncé vouloir inciter les Français «à travailler plus longtemps», mais «en ne bougeant pas l’âge légal» de départ à la retraite

 Jean-Paul Delevoye, ici avec Agnès Buzyn, ouvrira de nouvelles concertations avec les partenaires sociaux cet été.
Jean-Paul Delevoye, ici avec Agnès Buzyn, ouvrira de nouvelles concertations avec les partenaires sociaux cet été. PHOTOPQR/VOIX DU NORD/MAXPPP

    Il faudra bien un jour que le gouvernement présente, simulations à l'appui, les effets de sa réforme des retraites… En attendant, le Premier ministre Édouard Philippe a levé ce mercredi le voile sur quelques grandes lignes du big-bang promis pendant la campagne présidentielle de 2017 par Emmanuel Macron : l'instauration d'un système universel par point.

    Le sujet est explosif… Il y aura bien un « âge pivot » dans le nouveau système. Si la future réforme des retraites maintient le totem social de l'âge légal du départ à 62 ans, l'exécutif définira « un âge d'équilibre » (aussi appelé « âge pivot ») afin d'encourager les Français à « travailler plus longtemps ». « Nous définirons un âge d'équilibre et des incitations à travailler plus longtemps », a en effet annoncé le Premier ministre lors de sa déclaration de politique générale à l'Assemblée nationale.

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    Dans un document du Haut-commissaire à la réforme des retraites, l'hypothèse d'un âge pivot avec un système de bonus-malus avait été mise sur la table pour repousser l'âge de la retraite. Mais Jean-Paul Delevoye s'était bien gardé d'aller plus loin en évoquant des scénarios d'âge. Sans dévoiler l'option retenue, le Premier ministre a affirmé que « chacun pourra faire son choix, en liberté et en responsabilité », ajoutant toutefois que « la condition pour que ce choix existe, c'est que le chômage recule ». Pour cela le gouvernement va préparer « un grand plan pour l'emploi des seniors ».

    Un mécanisme garantissant un montant minimum

    Autre coin levé : la future réforme sonnera bien la fin des 42 régimes existants qui ne feront plus qu'un dans le « système universel » où « les règles seront les mêmes pour tous », a rappelé le Premier ministre. Mais leur extinction « se fera très progressivement » et « en conservant l'intégralité des droits acquis ». Pour les fonctionnaires néanmoins qui pourraient y perdre, Édouard Philippe annoncé que cet alignement des règles « conduirait à revaloriser certaines professions » comme « celle des enseignants ».

    Edouard Philippe sur les retraites : « Les mêmes droits pour tous »

    Concernant la réduction des écarts « entre les pensions des plus modestes et des plus aisés, entre (celles) des hommes et des femmes », un mécanisme garantissant un montant minimum sera acté pour « que les personnes qui ont travaillé toute leur vie ne gagnent pas moins que 85 % du smic », ce qui correspond au minimum de pension à 1 000 € promis en avril par le chef de l'Etat.

    Le chef du gouvernement n'a pas donné d'échéance pour la présentation du projet de loi, qu'il avait pourtant annoncé fin avril pour « la fin de l'été ». D'ici là, Jean-Paul Delevoye « présentera en juillet ses recommandations » et doit, selon nos informations, ouvrir de nouvelles concertations avec les partenaires sociaux cet été.