Grève à la SNCF : comment les syndicats se sont organisés pour tenir financièrement

Alors que ce lundi sera le 4e jour de grève à la SNCF pour protester contre la réforme de l’entreprise, les syndicats se sont organisés pour tenir.

 Pour les cheminots, chaque jour de grève représente un coût moyen de 60€ .(Illustration)
Pour les cheminots, chaque jour de grève représente un coût moyen de 60€ .(Illustration) LP / Arnaud Dumontier

    C'est le nerf de la grève, l'obsession des syndicats. Comment tenir financièrement assez longtemps pour faire plier le gouvernement? Alors que ce lundi marque le quatrième jour de grève, le cinquième en comptant la manifestation du 22 mars, l'impact sur les salaires des cheminots va commencer à se faire sentir. « C'est un sujet sur lequel on a travaillé bien en amont du mouvement, confie un syndicaliste. On savait qu'il pourrait durer ».

    Un mode de calcul de la direction qui renchérit le coût des jours de grève. Pour résoudre cette équation, les syndicats ont imaginé cette grève de deux jours tous les cinq jours qui doit perturber au maximum le trafic ferroviaire et réduire, autant que faire se peut, l'impact sur les revenus. En réponse, la direction de la SNCF a mis en place un calcul des jours de grève qui inclut les jours de repos et renchérit le coût de la journée de grève. Un système dénoncé par les syndicats qui envisagent de porter l'affaire devant la justice. « C'est bien la preuve qu'avec la bataille de l'opinion publique celle du coût de la grève est au cœur de la stratégie du gouvernement, analyse une source bien informée. Il mise sur un essoufflement du mouvement au bout de quinze jours. D'ailleurs, la SNCF, qui perd environ 20 M€ par jour de grève, a provisionné 200 M€ ».

    Des caisses de grève via des sites participatifs. Pour tenir, les syndicats ont aussi dépoussiéré les caisses de grève. « Nous récupérons des dons lors des manifestations et des distributions de tracts, détaille un élu SUD-Rail. Mais, de plus en plus, on le fait sur les sites participatifs, c'est plus efficace ». Exemple, celui de SUD-Rail sur Le Pot commun atteignait près de 37 000 € hier, quand sur Leetchi, celui lancé par le sociologue Jean-Marc Salmon dépassait les 466 000 €.

    Pour les cheminots, un coût moyen de 60€ par jour de grève. Les cheminots peuvent aussi compter sur le soutien de certaines confédérations. Ainsi à la CFDT, les militants pourront piocher dans les 125 M€ de la caisse de grève constituée depuis 1973 et, sous conditions, toucher 7,30 € par heure de grève. Est-ce que tout cela sera suffisant ? « Il ne s'agit pas de rembourser les jours de grève mais d'aider ceux qui en auront le plus besoin, prévient Bérenger Cernon de la CGT. Ce mouvement va nous coûter cher : en moyenne, selon les salaires, plus de 60 € par jour de grève ».

    Ce conducteur a fait ses calculs. « Je vais perdre 80 € par jour. Sans compter ma compagne qui est cheminote. J'ai provisionné 2 000 € et on a fait une croix sur nos vacances. C'est un gros sacrifice… Mais c'est le mouvement le plus important de l'histoire de la SNCF ».