VIDÉO. « Toucher tous ceux qui nous emmerdent » : à Agen, le mode d’action choc de la Coordination rurale

À Agen, les agriculteurs en colère multiplient les actions chocs depuis plusieurs jours, sous la houlette de la Coordination rurale, coutumière des coups d’éclat.

    Autoroute bloquée, pneus en feu, préfecture et hypermarchés recouverts de lisier… À Agen, les agriculteurs multiplient les actions chocs ces derniers jours, sous la houlette de l’omniprésente « Coordination rurale », le syndicat qui contrôle depuis deux décennies la Chambre d’agriculture départementale du Lot-et-Garonne.

    « On a ciblé tous ceux qui contraignent les agriculteurs », explique Karine Duc, coprésidente de la CR 47. « L’Etat, bien sûr, car par ses lois qui sont appliquées, n’est là que pour contraindre davantage. Et devant les grandes surfaces, pour dénoncer les marges abusives des supermarchés. On a essayé de toucher un peu tout le monde… Tous ceux qui emmerdent les paysans », détaille la syndicaliste.



    « Vous avez un département, qui, du fait de la personnalité de ses dirigeants (au sein de la Coordination rurale), va choisir de faire des actions extrêmement spectaculaires, une sorte de mise en scène un peu provocatrice et médiatique », analyse de son côté l’historien du monde agricole, Édouard Lynch. « Dès sa naissance en 1991, la Coordination rurale, mouvement plutôt droitier, dissident de la FNSEA, a toujours voulu se positionner comme un syndicat qui joue sur le côté populiste. La Coordination rurale va jouer sur la radicalisation », résume encore le chercheur.

    Des actions qui ont souvent fini devant la justice

    La CR 47, réputée pour ses actions violentes et spectaculaires - opération commando chez un négociant, occupation des locaux de la Mutualité sociale agricole, saccages de supermarchés et centrales d’achat, blocages d’Agen - a souvent fini devant la justice. Le président de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne, Serge Bousquet-Cassagne, qui revendique 18 procès en 30 ans, a déjà été condamné pour avoir fait construire la retenue d’eau illégale de Caussade durant l’hiver 2018-2019, toujours exploitée. En juin dernier, la CR 47 avait aussi perturbé un déplacement de la secrétaire nationale d’EELV, Marine Tondelier, qui a porté plainte. La dirigeante écologiste avait alors accusé la Coordination rurale d’être un « syndicat d’extrême droite ». Karine Duc, elle, nie en bloc. « On est une organisation syndicale, on ne fait pas de politique (…) Tous ceux qui se soucient de nous, s’ils veulent travailler pour l’agriculture, qu’ils le fassent », a-t-elle balayé de la main, appelant à ne « pas faire de sensationnel » sur le sujet.