Gaz à effet de serre : voitures électriques, éoliennes… les détails du plan de Borne pour réduire les émissions

La France publie ce lundi ces cibles de réduction de CO2 pour limiter le réchauffement climatique. Chaque secteur va devoir nettement baisser ses émissions.

Paris le 22 mai 2023. La Première ministre Élisabeth Borne (au centre) aux côtés du ministre de la Transition écologique Christophe Bechu (à droite) et du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, lors du Conseil national pour la transition écologique. AFP/Bertrand Guay
Paris le 22 mai 2023. La Première ministre Élisabeth Borne (au centre) aux côtés du ministre de la Transition écologique Christophe Bechu (à droite) et du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, lors du Conseil national pour la transition écologique. AFP/Bertrand Guay

    « Des petits efforts aux petits, des gros aux gros. » À Matignon, on promet ce lundi que tous les acteurs, des ménages aux industriels en passant par les collectivités, vont devoir mettre la main à la pâte pour réduire plus vite leurs émissions de gaz à effet de serre. Jusqu’à présent, la France visait -40 % d’ici 2030, par rapport à 1990. Ce sera finalement -55 %, en ligne avec les objectifs fixés par l’Union européenne. Aujourd’hui la France est à mi-chemin. Ce sont ces gaz, le CO2 notamment, qui dérèglent le climat.

    La Première ministre Élisabeth Borne a dévoilé ce lundi aux partenaires (ONG, syndicats, patronat, collectivités, parlementaires…) un nouveau plan pour faire baisser ces rejets d’ici à 2030. « La moitié des efforts reposeront sur les industriels, un quart sur les ménages et autant sur les collectivités », confie-t-on dans son entourage.

    Il ne s’agit pas d’injonctions verticales, insiste Matignon, mais de « poser le cadre », de « répartir les efforts » et de mettre en marche « les leviers concrets pour y arriver ». En clair, les cibles pourront être un peu modifiées mais sur le principe des vases communicants : si un secteur fait moins bien que prévu, un autre devra faire plus de sacrifices. « Engager un dialogue environnemental à ce niveau est très positif, note Anne Bringault porte-parole du Réseau Action Climat. Mais pour l’heure, il y a un cap et des trajectoires par secteurs, pas de mesures concrètes. Nous avons eu un amuse bouche et le menu, nous attendons le plat principal ».

    En route vers les voitures électriques

    Auto électrique : -11 % , covoiturage : -3 %, télétravail : -3 %… Pour le gouvernement, ces leviers concrets doivent permettre de faire progresser le secteur des transports, premier émetteur des GES chez nous. Reste à savoir comment la France compte faire pour passer de 1 % du parc qui roule à l’électrique à 15 % en… 7 ans. « La prime à la conversion, le système de leasing social, projet porté par Emmanuel Macron qui permettrait aux plus modestes pour 100 euros par mois de devenir propriétaire d’une voiture électrique, doivent aider à sortir des motorisations essence ou diesel », répond Matignon.



    Attention aussi à prendre en compte l’ensemble de l’empreinte carbone de nos voitures, et pas uniquement leurs émissions quand elles roulent. Le futur bonus écolo automobile sera ainsi calculé en tenant compte de l’impact de la fabrication, notamment dans les pays qui utilisent une énergie très émettrice, comme la Chine, très dépendante du charbon.

    Vite, vite, des éoliennes et des panneaux solaires

    Beaucoup de solutions pour faire baisser plus rapidement nos émissions de gaz à effet de serre reposent sur l’électrique. Mais comment s’assurer que l’on en produise assez d’ici 2030 ? « Nous avons regardé toutes les configurations, plaide-t-on à Matignon. Dans le scénario où la consommation d’électricité augmente notamment dans l’industrie, mais où elle baisse dans les bâtiments, tout en accélérant sur les énergies renouvelables, ça passe. Le cas, moins favorable, où l’électrification est plus rapide, mais où le déploiement des ENR lui va moins vite que prévu est plus compliqué mais passe encore. »

    Bref, le développement des éoliennes, des panneaux solaires ou des méthaniseurs géants est absolument crucial d’ici 2030. Car de nouveaux réacteurs atomiques ne pourront pas être opérationnels dans ces délais. Attention toutefois à ne pas multiplier des projets néfastes pour la biodiversité, comme de grands moulins à vent en pleine mer sur le trajet des migrateurs… « Climat et biodiversité doivent se conjuguer en toutes circonstances, rappelle Allain Bougrain Dubourg, à la Ligue de protection des oiseaux. Victime du climat, la biodiversité est aussi une réponse à son adaptation. Il est grand temps qu’elle soit clairement prise en compte dans les stratégies de l’exécutif. »

    Adieu (une partie des) veaux, vaches, cochons…

    Côté agricole, le gouvernement fait le pari que le cheptel français va continuer de diminuer (-5 %), tout comme son chapelet d’émissions de méthane. L’exécutif table également sur une baisse des émissions des engins agricoles (-2 %) et compte obtenir 4 % de réduction supplémentaire via l’augmentation des prairies. Car pour l’agriculture, secteur qui doit passer de 92 millions de tonnes de CO2 en 1990 à 68 millions en 2030, on regarde ce qui est rejeté, mais aussi ce qui est capté quand le sol joue son rôle de « puits de carbone ».

    « La baisse des émissions demandées sont moins importantes que pour d’autres secteurs. Il nous semble pourtant qu’il existe des leviers. Moins d’élevage, moins d’engrais azoté. ce sera pour nous un important point de vigilance » fait-on remarquer au Réseau action climat.

    Sur ce point, pas facile pour la nature, notamment pour les forêts, de continuer à officier. « C’est un des sujets les plus difficiles », reconnaît-on à Matignon. Car le réchauffement global et le manque d’eau font terriblement souffrir les frondaisons françaises.

    Tous ses efforts suffiront-ils à éviter un scenario à + 4 °C dans l’Hexagone (depuis 1990) ? Impossible à dire - l’Europe et le reste du monde doivent aussi tenir leurs propres objectifs, - mais depuis le début de l’année, au gouvernement, on ne parle plus seulement de réduction d’émissions, mais aussi d’adaptation…