«A Evry, on a toujours eu ce côté un peu américain» : la success story de Ruben, le roi du hot-dog

Ce trentenaire originaire du quartier des Pyramides faisait le tour d’Evry-Courcouronnes en 2016 avec son vélo-cargo chargé de hot-dogs. En mars, il a ouvert Beny’s, son premier restaurant. Il raconte son ascension.

Evry-Courcouronnes, lundi 28 mars 2022. Ruben Djagoue, 31 ans, vient d'ouvrir son premier restaurant, Beny's hot dog, dans sa ville. LP/B.S.
Evry-Courcouronnes, lundi 28 mars 2022. Ruben Djagoue, 31 ans, vient d'ouvrir son premier restaurant, Beny's hot dog, dans sa ville. LP/B.S.

    Un large sourire illumine le visage de Ruben. C’était un simple projet d’études, c’est devenu son activité à temps plein. Une entreprise de quatre salariés qui dépasse les frontières de son quartier des Pyramides, à Évry-Courcouronnes (Essonne), d’où le jeune homme de 31 ans est originaire. Sous la bannière « Beny’s hot-dog », le concept de Ruben Djagoue cartonne.

    Aux heures creuses, l’entrepreneur nous reçoit au comptoir de son premier restaurant, allée des Champs-Élysées, ouvert depuis la mi-mars. L’odeur des saucisses fumantes envahit ce local exigu, qui fait penser à un conteneur. Il y a tout juste de quoi s’asseoir. Qu’importe : cette petite boîte est l’aboutissement de sept ans de développement. Une success story qui fait inévitablement penser à celle de ses amis créateurs de la Lucarne d’Évry, issus du même quartier.



    L’idée germe au retour d’un séjour au Danemark. « Là-bas, il y avait une grande culture du hot-dog qui n’existait pas vraiment en France », retrace-t-il en préparant un « french » hot-dog, l’une des spécialités de la maison garnie d’oignons frits, de cornichons et de mayonnaise. À 23 ans, celui qui étudie alors le management à l’Université Paris-Est Créteil cherche un projet tutoriel de création d’entreprise sur un an.

    « Au début, c’était un kiff, de l’inconscience »

    Il rêve d’un vélo triporteur, siglé Beny’s, qui ferait le tour d’Évry pour proposer des hot-dogs à emporter. « Au début c’était un kif, de l’inconscience », s’amuse-t-il. À l’occasion d’une visite à la chambre de commerce de l’Essonne, où il crée son statut d’autoentrepreneur, il tombe sur des représentants de la société de financement participatif KissKissBankBank. Et lance alors une cagnotte pour financer son projet. « Ça a très bien marché, s’étonne-t-il encore aujourd’hui. Je demandais 5 000 euros, j’en ai récolté 5 500 via plus de 140 donateurs. La somme a payé le triporteur, je n’y croyais pas ! Ça m’a vraiment motivé ».

    Et si le projet fictif devenait une boîte comme les autres ? Avec son vélo, et un acolyte (désormais salarié), Adama, Ruben bénéficie du soutien de la mairie, qui le place sur des événements à Évry-Courcouronnes. « À Évry, on a toujours eu ce côté un peu américain : on aime cette culture et on organise plein de tournois de foot, de basket… autant d’occasions pour servir nos hot-dogs », se souvient le jeune homme.

    Grâce à Paul Lê, son ancien entraîneur de rugby, qui a créé de son côté La Belle Vie, une entreprise de livraison de courses à domicile, Ruben intègre ensuite le milieu des start-ups. Des terrains de basket, le vélo-cargo sillonne désormais les salons de la « tech » partout en France. « J’ai pu y développer un réseau, analyse Ruben. Il ne faut pas hésiter à sortir du quartier, bouger. J’ai essayé d’ouvrir toutes les portes, c’est comme ça que j’ai remporté quelques concours à Paris ». Notamment celui de la SNCF, qui lui permet d’installer son chariot aux gares d’Évry-Courcouronnes et de Saint-Lazare, à Paris.

    Hot-dog « gourmet »

    Les ventes de hot-dogs viennent compléter les revenus de son chômage pendant deux ans. Puis Ruben bénéficie d’un investissement extérieur après avoir remporté le prix BFM Business. Nourri par les conseils, Ruben affine son offre en améliorant ses produits. Au pain industriel, il préfère celui d’un boulanger du coin. La viande gagne en qualité et les sauces sont faites maison. Cela s’en ressent forcément sur le prix du hot-dog, qui grimpe de trois à cinq euros. « C’est une sorte de hot-dog gourmet, qui correspond au marché de la street food aujourd’hui », décrit le patron, tout en assurant que le but initial reste de « proposer une offre accessible aux milieux populaires ».



    Son premier restaurant* passe au banc d’essai pendant un an. Si l’offre plaît, Ruben souhaiterait créer une franchise avec d’autres points de vente. Sinon ? Il s’envolera peut-être vers d’autres cieux : « Que ce soit le hot-dog ou autre chose, ce qui me plaît, c’est entreprendre. »

    *Au 60, allée des Champs-Elysées, à Evry-Courcouronnes.