Compétences. Au-delà du savoir-faire, les entreprises attendent des jeunes diplômés d’avoir les “soft skills“. Une qualité à laquelle les écoles préparent de plus en plus.
Il n’y a pas que le diplôme qui compte. La sociabilité, l’estime de soi, la créativité, la persévérance ou la prise de risque… ces compétences plus informelles, qu’on appelle “soft skills”, sont fondamentales pour un manageur. Pour les recruteurs, elles font la différence entre deux bons CV. « Nous recherchons des collaborateurs ouverts d’esprit, pédagogues, capables d’écoute et d’empathie pour bien conseiller nos clients. La notion d’équipe est également primordiale dans notre métier », explique Philippe Autran, directeur général délégué du cabinet d’expertise comptable In Extenso. Pour vérifier les qualités comportementales des candidats, l’entreprise utilise systématiquement un court test de personnalité. « On peut progresser techniquement, mais c’est beaucoup plus difficile de le faire sur le plan comportemental », souligne Philippe Autran.
Dépassement de soi
C’est pourquoi certaines écoles s’emploient à développer ces “soft skills” chez leurs étudiants. Pour tester leur goût du challenge, leur adaptabilité, leur capacité décisionnelle et développer la cohésion d’équipe, l’Ipag Business School a mis en place plusieurs épreuves. Au choix, un stage de voile à l’école Les Glénans, un parcours de survie en milieu hostile ou une formation militaire sur la base de Coëtquidan. Camille Giraudin s’est portée volontaire pour revêtir le treillis pendant une semaine : « Je me suis rendu compte que grâce aux autres, et à leur soutien, je pouvais faire des choses que je ne pensais pas être capable de faire ».
L’École de management Léonard de Vinci (EMLV) a imaginé des modules de formation et des ateliers de travail en mode projet, organisés autour de cinq objectifs : se connaître soi-même, prendre du recul pour évoluer, développer sa créativité, être dans la coopération et savoir vendre ses idées. Ce programme, qui se déroule tout au long du cursus, donne lieu à une évaluation. « Nous avons voulu identifier ces fameuses compétences comportementales recherchées par les entreprises et nous nous sommes également intéressés à celles que leurs étudiants devront développer dans leur vie d’adulte », explique Laure Bertrand, directeur des Soft skills.
Ateliers musicaux
Enfin, l’ISC Paris a instauré un parcours de développement personnel et professionnel comportant des ateliers d’entraînement aux entretiens de recrutement, des cours de communication relationnelle et des jeux de rôles. Pour aider les étudiants à mieux se connaître, à développer leur créativité, à appréhender le changement et s’inscrire dans une synergie d’équipe, l’école recourt à des formats inédits, comme les ateliers musicaux organisés avec la Philharmonie de Paris : « En jouant d’un instrument de musique, en chantant et en enregistrant leur composition musicale, les étudiants expérimentent concrètement, au rythme des sons, les concepts clés liés au management d’équipe, la communication, les relations interpersonnelles et les conflits », explique Karen Delchet-Cochet, responsable du Lab de l’innovation pédagogique.
TÉMOIGNAGE
Augustin Dufour / Étudiant à l’Idrac
Augustin fait partie des 40 étudiants volontaires de 3e année qui ont participé cette année au stage Idrac Défense. Il a passé trois jours intensifs sur la base militaire de La Valbonne, dans l’Ain, pour appréhender la prise de décision en situation extrême. Au menu : course d’orientation et marche en pleine nuit. « J’avais entendu parler de ce stage avant d’entrer à l’école et, déjà, j’avais très envie d’y participer. C’était l’opportunité de découvrir l’univers de l’armée et de pouvoir discuter avec des gradés.
Mais surtout, on apprend beaucoup sur soi-même, sur ses capacités et ses limites.
Ce n’est pas facile de se lever à 7 heures du matin pour aller courir dans la boue et devoir faire des pompes en attendant que tout le monde soit prêt. Cela apprend le respect des autres. Il fallait se motiver les uns les autres, ce stage nous a rapprochés et a même créé un esprit “promo”. J’en garde un super souvenir. On constate très vite qu’un leadeur se dégage et qu’il y en a certains qu’il faut pousser plus que d’autres. Je pense que cette expérience me sert désormais quand on fait des travaux d’équipe. Cela m’a appris à manageur différemment en fonction du tempérament de chacun. »