Australie : le fondateur présumé de l’appli web Ghost, accusée de faciliter des activités criminelles, arrêté

Le fondateur présumé de cette application web, un homme de 32 ans, avait été repéré en Australie par les gendarmes français.

Un internaute de 32 ans, suspecté d'être le fondateur de l'application web en "open-source" Ghost, a été arrêté mardi en Australie. Ghost serait, selon les autorités, utilisé par des centaines de criminels présumés en Italie, au Moyen-Orient et en Corée du Sud. (Illustration)  AAP/Julian Smith/via REUTERS
Un internaute de 32 ans, suspecté d'être le fondateur de l'application web en "open-source" Ghost, a été arrêté mardi en Australie. Ghost serait, selon les autorités, utilisé par des centaines de criminels présumés en Italie, au Moyen-Orient et en Corée du Sud. (Illustration) AAP/Julian Smith/via REUTERS

    C’est une plateforme connue par les autorités pour faciliter des transactions liées au trafic de drogue ou pour commander des assassinats en Europe, au Moyen-Orient et en Asie. Un internaute de 32 ans, fondateur présumé de Ghost, une application web en « open source », a été interpellé en Australie, ce mardi, grâce à une coopération policière dans neuf pays, a annoncé la police australienne et Europol, ce mercredi 18 septembre.

    Jay Je Yoon Jung, le « cerveau » présumé de la plateforme, qui a été démantelée, a été arrêté chez ses parents à Narwee, dans l’État de Nouvelle-Galles du Sud, où il vivait. Le trentenaire, qui n’avait pas de casier judiciaire, s’est montré « légèrement surpris » quand les policiers sont venus l’arrêter, a déclaré le commissaire adjoint de la police fédérale, Ian McCartney. Il a été inculpé de cinq délits, dont le plus grave est passible de dix ans de prison.

    51 suspects ont été arrêtés : 38 en Australie, 11 en Irlande, un au Canada et un en Italie appartenant au groupe mafieux italien Sacra Corona Unita. D’autres arrestations sont prévues à mesure que l’enquête progresse, a affirmé Europol.

    Menaces d’assassinat et laboratoire de drogues

    Depuis deux ans, plusieurs polices du monde avaient piraté le réseau et regardaient les utilisateurs discuter trafic de drogue, blanchiment d’argent, assassinats et autres violences graves.

    Cinquante menaces d’assassinat ont pu être déjouées en Australie. Dans l’un des cas, les enquêteurs ont intercepté une image d’une personne avec un pistolet sur la tempe qui a pu être sauvée dans l’heure, selon Kristy Schofield, commissaire adjointe de la police fédérale australienne.

    Un laboratoire de drogue a été démantelé en Australie, tandis que des armes, de la drogue et plus d’un million d’euros en espèces ont été saisis dans le monde jusqu’à présent, selon Europol. La police a en outre mis la main sur quelque 376 téléphones disposant d’un accès à Ghost.

    « Aujourd’hui, nous avons clairement démontré aux réseaux criminels que peu importe l’avancée de leur technologie, peu importe à quel point ils pensent que leur communication est sûre, nous les trouverons et nous mettrons fin à leurs activités criminelles », s’est félicitée la directrice d’Europol Catherine De Bolle, lors d’une conférence de presse à La Haye.

    Localisé par les gendarmes français

    Au total, les polices de neuf pays ont participé à ce coup de filet mondial. Créé il y a neuf ans, Ghost ne fonctionnait que sur des smartphones spécialement modifiés vendus environ 2.350 dollars australiens (1.430 euros), un prix comprenant six mois d’abonnement au service et une assistance technique.

    Dans le monde, plusieurs milliers de personnes utilisaient l’application, qui dispose de sa propre infrastructure et de ses propres applications avec un réseau de revendeurs basés dans plusieurs pays, selon Europol. Ghost serait utilisé par des centaines de criminels présumés pour ses avantages en termes de configuration (code disponible publiquement) et d’anonymat. Mais les enquêteurs ont réussi en 2022 à accéder au contenu crypté en s’infiltrant dans l’une des mises à jour proposées par le créateur de l’application.

    Pendant deux ans, les enquêteurs ont pu suivre la popularité croissante de la plateforme auprès des criminels. Les serveurs ont été repérés en France et en Islande tandis que les actifs financiers étaient situés aux États-Unis, a précisé Europol. Ce sont des gendarmes français qui ont finalement repéré le créateur de l’application en Australie.

    Kristy Schofield a raconté que les policiers avaient dû agir extrêmement vite pour que le suspect, qui avait la possibilité de « tout effacer » dans le système, ne parvienne pas à ses fins en se voyant cerné. « Nos équipes tactiques ont été en mesure de l’appréhender et de sécuriser le matériel informatique moins de 30 secondes après être entrées », a-t-elle expliqué.