Causes, suroccupation, contrôle… Les questions qui se posent après l’incendie mortel en Alsace

La cause du feu, qui aurait pu avoir couvé avant d’embraser tout le bâtiment, selon les premiers éléments de l’enquête, est encore inconnue. Tout comme les normes de sécurité que le gîte devait respecter.

Outre les constations physiques dans les ruines de l'incendie, les enquêteurs vont avoir tout un travail de vérification des normes et de responsabilité à réaliser. Sebastien BOZON / AFP
Outre les constations physiques dans les ruines de l'incendie, les enquêteurs vont avoir tout un travail de vérification des normes et de responsabilité à réaliser. Sebastien BOZON / AFP

    Responsabilité, origine, normes… Alors que les braises du terrible incendie mortel dans un gîte de vacances accueillant des handicapés mentaux légers a fait onze morts à Wintzenheim, près de Colmar (Haut-Rhin), sont à peine refroidies, le travail d’enquête a déjà débuté dans la petite commune alsacienne.

    Les questions se multiplient après ce drame, concernant les raisons du départ du feu, mais aussi de la sécurité du lieu. Les investigations « sont en cours pour savoir s’il répondait à toutes les normes de sécurité idoines à l’accueil des publics », a déclaré la vice-procureure de la République Nathalie Kielwasser, précisant que la propriétaire des lieux était auditionnée ce mercredi après-midi.

    D’où est parti l’incendie ?

    « Il est probable que le feu soit parti du premier étage, mais cela, c’est l’enquête qui le confirmera », a déclaré le lieutenant-colonel Philippe Hauwiller, commandant des opérations de secours. Les 12 occupants du rez-de-chaussée ont ainsi pu s’échapper, quand seulement cinq des 16 se trouvant au premier étage ont survécu. Il s’agit « vraisemblablement d’un feu qui a couvé (…) Du bois qui a dû mettre quelques heures avant de réellement s’embraser », a précisé la vice-procureure qui attend que l’enquête détermine les causes de ce feu couvant.

    La question du rôle du bois dans l’embrasement rapide est également sur la table. Le gîte était à colombages de style alsacien, et des témoins ont assuré qu’il avait « pris feu très rapidement, une fois embrasé, car il s’agit d’un bâtiment en bois réalisé en torchis ».



    Les pompiers ont expliqué dans la journée qu’effectivement « à l’étage, on est sur de la structure de type maison alsacienne, donc colombage avec du remplissage et du bardage bois. » La structure du bâtiment a dû jouer dans la rapidité de l’incendie « mais aussi le potentiel calorifique qui se retrouve à l’intérieur, en termes de mobilier, de literie, canapé… », a expliqué Philippe Hauwiller.

    Était-il suroccupé ?

    Plusieurs sites Internet annoncent, pour ce gîte, une capacité de 20 couchages, ce qui est inférieur aux 28 personnes présentes sur place. Mais il est possible qu’il ne s’agisse que d’un seul des deux gîtes utilisés par les groupes de vacanciers. Le lieu est en effet « composé de deux gîtes, un au rez-de-chaussée, un à l’étage » dans lesquels se trouvaient « deux groupes différents », a détaillé la vice-procureure Nathalie Kielwasser.

    Du côté des pompiers, on précise que « c’est un gîte privé, donc nous n’avons pas d’informations à ce stade sur le nombre de personnes qu’il était censé accueillir ».

    Le bâtiment a-t-il été correctement contrôlé ?

    Il est pour le moment difficile de savoir quelles réglementations s’appliquent à ces gîtes. Si ces établissements rentrent dans la catégorie des ERP (Établissement Recevant du Public), ils sont soumis à une commission de sécurité avant ouverture, et certaines réglementations sur la prévention incendie. Signe d’un flottement, la directrice de Gîtes de France rappelle, au Parisien, que ces hébergements « sont considérés comme des ERP à partir du 16e couchage ». Sans compter que ce lieu recevait des personnes handicapées, ce qui peut entraîner l’obligation de nouvelles normes à respecter.

    Mais ce lieu entre-t-il dans cette case ? « C’est un établissement qui n’était pas connu par nos services », a en tout cas déclaré ce mercredi le lieutenant-colonel Philippe Hauwiller, sur place. La magistrate, ne savait pas dire, pour le moment, si l’établissement était classé ERP.