Marc Hornec : un (re)tour en prison pour le Forain

Le cadet de la fratrie, présenté comme le parrain du milieu parisien, est notamment soupçonné d'avoir racketté un bijoutier endetté. Il a été écroué vendredi.

Marc Hornec (ci-dessus en 2008) a déjà été condamné pour recel de vols, blanchiment aggravé et extorsion de fonds.
Marc Hornec (ci-dessus en 2008) a déjà été condamné pour recel de vols, blanchiment aggravé et extorsion de fonds. (MYOP/GUILLAUME BINET)

    Retour à la case prison pour Marc Hornec. Vendredi soir, le cadet de cette fratrie, présentée par beaucoup comme les parrains du milieu parisien, a été incarcéré à la maison d'arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis).

    Quelques instants plus tôt, le Forain, comme il est surnommé, membre d'une famille de Manouches sédentarisés de Montreuil (Seine-Saint-Denis), a été mis en examen notamment pour des faits d'extorsion en bande organisée, non-justification de ressources, escroquerie et association de malfaiteurs par trois juges d'instruction du pôle financier de Paris.

    Interpellé avec sa compagne et l'un de ses fils mardi aux premières heures du jour par les policiers de la brigade de recherche et d'intervention (BRI) de la police judiciaire parisienne dans une villa à Claye-Souilly (Seine-et-Marne), Marc Hornec, 51 ans, a ensuite été placé en garde à vue dans les locaux du service départemental de police judiciaire (SDPJ) de Seine-Saint-Denis.

    Une dette de 300 000 € transformée en 2 M€

    Les hommes de la PJ parisienne sont remontés jusqu'à cette figure du grand banditisme parisien après avoir obtenu un «tuyau» sur une affaire d'extorsion de fonds. Selon nos informations, un bijoutier ayant contracté une dette de 300 000 € auprès de son associé aurait reçu la visite de «gros bras». Dans un premier temps, la somme réclamée a doublé avant que la victime ne se voie exiger de verser près de 2 M€..

    Suspectés d'avoir agi à la demande de Marc Hornec, les trois «recouvreurs» de dette présumés, Stéphane P., Jean-Jacques B. et Alexandre S., ont également été déférés devant la justice ainsi qu'un certain Patrice P., présenté comme l'associé du bijoutier extorqué. La compagne du parrain présumé a aussi été mise en examen avant d'être placée sous contrôle judiciaire.

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    Au fil de leurs investigations, et notamment d'écoutes téléphoniques sur les téléphones utilisés par le Forain — officiellement employé de la grande roue, place de la Concorde à Paris —, les policiers ont également mis au jour l'importation d'alcool et de cigarettes de contrebande, en provenance de Macédoine et du Monténégro.

    Après avoir été réceptionnées dans le nord de la France, par un intermédiaire au Qatar, ces marchandises prohibées étaient ensuite acheminées vers le Royaume-Uni.

    «Une partie des gains retirés de ce trafic était ensuite réinvestie sur les marchés financiers européens à travers une bourse d'échange de l'énergie consacrée au gaz et à l'électricité, confie une source proche de l'affaire. Ces opérations boursières ont ensuite abouti à une escroquerie à la TVA, car les taxes dues à l'Etat français sur ces transactions n'étaient pas reversées.»

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    Les enquêteurs, qui ont commencé leurs investigations en novembre 2016, se sont également intéressés au train de vie de Marc Hornec. Le propriétaire de la villa de Claye-Souilly, d'une valeur de près de 1,5 M€, occupée par le Forain, a été interpellé à Saint-Paul-de-Vence (Alpes-Maritimes) et fait l'objet d'un mandat d'amener devant la justice. Enfin, cinq voitures, dont un puissant 4 x 4 BMW X5 blindé immatriculé au nom de l'acteur Alain Delon ainsi qu'un autre véhicule, ont aussi été saisies.

    «Mon client conteste avec la plus vive énergie être celui que l'on entend parler sur les écoutes téléphoniques, assure Me Jean-Yves Liénard, l'avocat de Marc Hornec. Nous avons d'ores et déjà demandé une expertise vocale.»

    Par le passé, le Forain a notamment été condamné en 2008 à quatre ans d'emprisonnement pour recel de vols et à trois ans de prison pour blanchiment aggravé et extorsion de fonds, avant de bénéficier, en juin 2012, d'une libération conditionnelle.

    Des voitures immatriculées au nom d'Alain Delon