«Martyre de l’A10» : comment l’ADN a permis de résoudre un cold case vieux de 30 ans

Les empreintes génétiques relevées en 2007 ont parlé plus de 30 ans après les faits.

 La fillette avait été enterrée anonymement au cimetière de Suèvres, proche des lieux de la découverte du corps.
La fillette avait été enterrée anonymement au cimetière de Suèvres, proche des lieux de la découverte du corps. LP/PH LAVIEILLE

    Acide désoxyribonucléique. Derrière ce mot barbare se cache la clé de nombreux cold cases, ces affaires non élucidées qui encombrent les tribunaux français. Plus connue sous le nom d'ADN, cette carte d'identité génétique présente dans chacune de nos cellules a une nouvelle fois permis de percer une énigme judiciaire, celle de l'inconnue de l'A10, retrouvée morte près de Blois en 1987.

    Le corps de cette enfant avait été laissé dans un fossé, avec pour simple cercueil, une couverture. Trente ans après les faits, c'est aujourd'hui un bout de tissu qui a permis d'identifier la petite Inass et de réaliser une avancée décisive dans l'enquête.

    Depuis le 11 août 1987, date de la découverte du cadavre de cette fillette, mutilé par des traces de brûlures au fer à repasser et nombreuses fractures, les gendarmes tentaient de savoir qui se cachait derrière ce corps sans nom.

    A l'époque, les autorités avaient diffusé un portrait-robot, et plus de 60 000 écoles maternelles avaient été consultées, en vain. Un non-lieu a même été prononcé par la justice après trois ans d'enquête.

    Des empreintes génétiques répertoriées au FNAEG

    C'est finalement grâce à ce qui semblait être une banale arrestation que le voile va se lever. Fin 2017, un homme est interpellé pour une affaire de violences. Son ADN, prélevé, est confronté automatiquement au fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG). Et surprise, il « matche » avec les ADN mystères de la couverture, retrouvés dix ans plus tôt. Il s'agit du frère de l'enfant.

    Depuis 2007, les enquêteurs disposaient en effet d'empreintes génétiques trouvées sur le linge entourant la fillette. « On dispose d'ADN, sans doute du papa et de la maman, et d'autres ADN inconnus », expliquait, à l'époque, Frédéric Chevallier, procureur de la République de Blois. Immédiatement intégrées au fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG), qui répertorie l'ADN d'auteurs d'infractions, elles n'avaient rien révélé de leurs propriétaires.

    Désormais en possession de l'identité du frère de la petite martyre, les enquêteurs ont donc démarré une nouvelle enquête ces derniers mois. Minutieusement, ils ont remonté la piste de cette famille pour cibler et surveiller les parents recherchés. Ce couple de sexagénaires, qui vivaient séparés depuis plusieurs années, a finalement été interpellé mardi, l'un en Ile-de-France, l'autre en Picardie. La comparaison des ADN prouverait qu'ils sont bien les parents de l'enfant.

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    /LP Infographie LP/PH LAVIEILLE