Procès du 13 Novembre : passe d’armes entre avocats autour du témoignage de François Hollande

Plusieurs avocats des accusés ont protesté ce vendredi contre les auditions en tant que témoins de l’ancien président de la République et de Georges Fenech, le député qui a conduit la mission d’enquête parlementaire sur les attentats.

François Hollande doit témoigner dans quelques semaines au procès des attentats du 13 Novembre. LP/Olivier Lejeune
François Hollande doit témoigner dans quelques semaines au procès des attentats du 13 Novembre. LP/Olivier Lejeune

    La litanie de l’appel des témoins s’égrène. Le processus prend du temps tant ils sont nombreux à être cités pour ce procès des attentats du 13 Novembre qui a atteint, ce vendredi, son troisième jour. Des policiers surtout mais aussi des proches des 14 accusés présents dans la salle (les 6 autres comparaissent par défaut). Même si l’anonymat des enquêteurs — une pratique en vigueur depuis plusieurs années en France — fait tiquer la défense, la séquence s’écoule sans heurts. Jusqu’à l’annonce de la déposition d’un certain « Hollande François », programmée en novembre. La citation de l’ancien chef de l’État provoque la première passe d’armes entre la défense et les parties civiles.

    « Il pourra répondre à des questions sur plusieurs thématiques »

    Me Raphaël Kempf, l’un des avocats de Yassine Atar, se lève. « On ne voit pas bien quelle est l’utilité de cette audition pour la manifestation de la vérité, s’étonne-t-il. Est-ce que les avocats des parties civiles pourraient nous expliquer pourquoi il faut entendre cet individu ? » Cette fois, c’est au flegmatique et pince-sans-rire président Jean-Louis Périès de faire la moue : « C’est une personne comme une autre, admet le magistrat, mais vous pourriez utiliser un autre terme qu’individu. »

    L’un des avocats de l’association Life for Paris, à l’origine de la citation de l’ancien président, se justifie. « Il était sur les lieux des attentats et il pourra répondre à des questions sur plusieurs thématiques », annonce-t-il. Pas de quoi satisfaire Me Christian Saint-Palais, le second avocat de Yassine Atar. Le pénaliste en appelle au Code de procédure pénale et à son article 331 qui prévoit que les témoins s’expriment « sur les faits et la personnalité des accusés ».

    Il ne voit donc pas ce que l’ancien président pourrait en dire. « Et nous avons compris que le temps va nous être compté », ajoute-t-il. Me Helena Christidis, l’avocate de nombreuses parties civiles, vole au secours de son confrère de Life for Paris. « Il y a aussi tout ce qui s’est déroulé avant les faits », expose-t-elle. L’audition de François Hollande aura bien lieu.



    L’annonce de la déposition de George Fenech, qui a présidé la commission d’enquête parlementaire sur les attentats, suscite une nouvelle joute. C’est là encore Me Saint-Palais qui porte le fer, toujours sur la même thématique. « Il n’est pas à sa place au sein de cette cour d’assises. Il vient d’écrire un livre qui sera sans doute très utile à lire mais on ne va pas recevoir tous les gens qui publient un livre au moment d’un procès », ironise l’avocat.

    Sur le banc des parties civiles, Me Olivier Morice s’empare du micro. « Les blessés et les familles qui ont perdu un proche attendent qu’on puisse poser des questions à tous ceux qui ont des explications à fournir. Si cela déplaît à la défense qu’on prenne du temps pour cela, je le déplore profondément », lance l’avocat. Jean-Louis Périès clôt les débats. Mais laisse malgré tout poindre ses sentiments. « Nous sommes dans un procès criminel et nous sommes là pour examiner les charges à l’encontre des accusés. Point. »