Russie : la PDG de Wildberries accuse son mari d’une attaque au siège du géant du e-commerce ayant fait au moins deux morts

Alors que le couple Bakaltchouk se déchire depuis plusieurs semaines autour du contrôle de la société russe de e-commerce Wildberries, Tatatiana Bakaltchouk a accusé son époux d’avoir commandité une attaque au siège de l’entreprise.

La PDG de Wildberries accuse son époux d'être à l'initiative d'une attaque survenue ce mercredi au siège de l'entreprise. AFP/KIRILL KUDRYAVTSEV
La PDG de Wildberries accuse son époux d'être à l'initiative d'une attaque survenue ce mercredi au siège de l'entreprise. AFP/KIRILL KUDRYAVTSEV

    Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une fusillade au siège moscovite de Wildberries, ont rapporté les agences de presse russes, sur fond de désaccord entre le couple fondateur du géant russe du e-commerce, en instance de divorce.

    « Un deuxième agent de sécurité du bureau de Wildberries blessé lors de la fusillade est décédé », a indiqué l’agence Interfax, citant une source au sein du groupe russe. L’agence d’État Ria Novosti rapporte aussi deux morts, citant une source policière, alors que la patronne de Wildberries avait annoncé un peu plus tôt le décès d’un « agent de sécurité (…) à la suite de l’« attaque armée ».

    Le couple se déchire depuis plusieurs semaines autour de la société, dont Tatiana Bakaltchouk contrôle 99 % et son mari 1 %. « Un groupe de personnes dirigé par (le mari) Vladislav Bakaltchouk, Sergueï Anoufriev et Vladimir Bakine (d’ex-responsables du groupe) ont tenté de pénétrer dans les bureaux de Wildberries à Moscou. Trois personnes ont été blessées, leur état est en train d’être évalué », a indiqué Tatiana Bakaltchouk sur Telegram.

    L’époux a lui affirmé sur le même réseau social avoir été avec ses collaborateurs « agressés » à leur arrivée sur le site pour participer à des négociations.

    Des tirs entendus

    Une journaliste de l’AFP, présente sur place, a vu plusieurs voitures de police et ambulances avec les gyrophares allumés devant le siège de l’entreprise situé en plein centre de Moscou, dans le quartier ultra-sécurisé du Kremlin. Selon les médias russes, des tirs ont été entendus à un moment, mais aucune source officielle n’a confirmé cette information à ce stade. Des agences de presse russe ont également fait état d’arrestations.

    « Aujourd’hui, Vladislav Bakaltchouk a tenté de pénétrer illégalement avec des gardes armés dans les bureaux de Wildberries », a fustigé le groupe, selon qui « la situation est désormais stable ».



    Vladislav Bakaltchouk, dans son communiqué, a assuré s’être rendu au siège situé à quelques centaines de mètres du Kremlin « pour négocier l’arrêt de la construction d’entrepôts », point de discorde avec sa femme, Tatiana Bakaltchouk, qui a, elle, juré que « personne n’avait convenu de discussions ».

    Wildberries, fondée en 2004, est une success story du e-commerce russe d’avant-conflit en Ukraine, qui a fait de Tatiana Bakaltchouk la femme la plus riche de Russie. Sa fortune est estimée à 7,9 milliards de dollars par Forbes.

    Le Tchétchène Kadyrov

    Fait rare parmi les richissimes Russes, Tatiana Bakaltchouk n’appartient pas au cercle d’oligarques historiques qui ont pris le contrôle des grands groupes étatiques dans le pays dans les années 1990.

    Le couple est en guerre ouverte depuis plusieurs semaines depuis que Wildberries a annoncé en juin un projet de fusion - soutenu par le gouvernement - avec le groupe de publicité Russ. Elle pousse à cette union et lui s’y oppose.

    Vladislav Bakaltchouk s’en est plaint ouvertement au dirigeant Ramzan Kadyrov en Tchétchénie, où sa femme est née. Le chef tchétchène, connu pour ses méthodes brutales et ses intérêts économiques multiples, a pris fait et cause pour l’époux, assurant dans une vidéo en ligne qu’il allait « ramener (Tatiana Bakaltchouk) dans la famille ».



    La PDG du groupe a demandé le divorce fin juillet, d’après les médias russes. Selon la presse russe, le mari réclame le contrôle de 50 % des actions de Wildberries. Le site de vente en ligne Wildberries, présent dans plusieurs pays d’ex-URSS, revendique sur son site plus de 10 millions de commandes quotidiennes et 30 millions d’utilisateurs chaque jour.