Sainte-Soline : les antibassines dévoilent la plainte qu’ils veulent déposer contre Darmanin

    Le collectif Bassines non merci compte déposer plainte contre le ministre de l’Intérieur pour avoir « menti sous serment » concernant la manifestation violente à Sainte-Soline, en mars dernier.

    Le collectif Bassines non merci compte déposer plainte contre le ministre de l’Intérieur pour avoir « menti sous serment » concernant la manifestation violente à Sainte-Soline, en mars 2023. (Photo d'illustration) AFP / Thibaud Moritz
    Le collectif Bassines non merci compte déposer plainte contre le ministre de l’Intérieur pour avoir « menti sous serment » concernant la manifestation violente à Sainte-Soline, en mars 2023. (Photo d'illustration) AFP / Thibaud Moritz

    Bassines non merci, collectif opposé aux réserves d’eau agricoles, a dévoilé dimanche une plainte qu’il compte déposer contre le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pour avoir « menti sous serment » devant une commission d’enquête parlementaire concernant la manifestation violente de mars 2023 à Sainte-Soline (Deux-Sèvres).

    « L’ensemble des citoyens », et plus particulièrement les personnes blessées lors de la manifestation du 25 mars 2023, sont invités à s’associer à cette démarche jusqu’au 1er mai.

    La chronologie de la manifestation contestée

    Dans ce recours adressé à la commission des requêtes de la Cour de justice de la République, Bassines non merci (BNM) conteste notamment la chronologie des affrontements présentée par Gérald Darmanin lors de son audition le 5 octobre à l’Assemblée nationale, devant la commission d’enquête sur les violences des manifestations du printemps 2023 contre la réforme des retraites et à Sainte-Soline.



    Le 25 mars 2023, de violents heurts avaient éclaté lors d’un rassemblement interdit par la préfecture des Deux-Sèvres contre une réserve d’eau en construction protégée par 3 000 gendarmes. Ils avaient fait de nombreux blessés, dont deux manifestants tombés dans le coma.

    Selon Gérald Darmanin, les gendarmes ont subi des jets de projectiles pendant une heure avant de répliquer, alors que, d’après BNM, « il est établi que les gendarmes ont bien quitté leur ligne, située le long de la méga-bassine, avant même que les manifestants n’arrivent à leur niveau ».

    Mensonge par omission

    Le collectif accuse aussi le ministre d’avoir menti par omission en affirmant que les antibassines ont « attaqué les interdictions de transporter des matières ou des armes dangereuses », alors que leur recours portait sur l’interdiction du transport d’armes « par destination », rappelle BNM, qui souligne qu’il s’agit d’une catégorie à la définition juridique « particulièrement large » pouvant regrouper tout type d’objets.

    Il déplore enfin que le ministre de l’Intérieur ait remis en cause la neutralité des observateurs des libertés publiques déployés le 25 mars, en accusant notamment la Ligue des droits de l’homme, qui a publié en juillet un rapport sur l’ » usage disproportionné » d’armes par les forces de l’ordre, d’avoir « appelé à manifester malgré l’interdiction ». Seules deux sections locales de la LDH l’avaient fait et ce, avant l’interdiction du rassemblement, est-il précisé dans le recours.

    Pour BNM, le ministre a ainsi orienté le travail de la commission qui a conclu début novembre à la responsabilité « écrasante » des trois mouvements ayant appelé à manifester à Sainte-Soline, malgré les interdictions préfectorales.

    Trois militants antibassines, dont Julien Le Guet, porte-parole de BNM, ont été condamnés mi-janvier à de la prison avec sursis et des amendes pour organisation de manifestation interdite.

    Contacté, l’entourage du ministre de l’Intérieur n’a pas réagi pour l’heure.