Exhibitionnisme  : un an de prison avec sursis pour l’ex-agent d’entretien récidiviste d’une école privée bretonne

L’homme avait déjà été condamné pour des faits similaires il y a une vingtaine d’années mais les traces de cette décision avaient disparu. Son nom est désormais inscrit au fichier des délinquants sexuels. Mais l’inertie qui avait suivi la révélation de ses derniers agissements interroge.

Le prévenu avait déjà écopé d'une peine de prison ferme pour des faits similaires il y a 20 ans. LP/T.P.
Le prévenu avait déjà écopé d'une peine de prison ferme pour des faits similaires il y a 20 ans. LP/T.P.

    « Ma fille est complètement traumatisée depuis. Elle pleure et a une phobie des toilettes de l’école. » C’est ce qu’a murmuré en pleurs la maman d’une fillette de 3 ans et demi, l’une des petites victimes d’un quinquagénaire qui a exhibé son sexe à plusieurs reprises, entre octobre 2021 et mars 2022, dans l’enceinte d’une école privée de la Forêt-Fouesnant, petite ville du Finistère Sud.

    L’homme, qui faisait à l’époque le ménage dans l’établissement, comparaissait ce lundi 2 septembre devant le tribunal correctionnel de Quimper. Il a été condamné à un an de prison avec un sursis probatoire de deux ans et des obligations dont l’interdiction d’exercer une activité en lien avec des enfants. Il va également être inscrit sur le Fichier des auteurs d’infractions sexuelles.



    Cette affaire qui fait grincer des dents et qui a ému toute la salle d’audience, a éclaté au grand jour avec le signalement d’une maman auprès de la gendarmerie. Sa petite fille de 3 ans lui avait avoué que l’homme de ménage de l’école lui avait montré son sexe dans les toilettes de l’établissement. Employant des termes enfantins mais précis, elle avait affirmé avoir vu « le zizi du monsieur qui fait le ménage ».

    La directrice avait trouvé l’histoire « floue »

    Par la suite, d’autres parents s’étaient manifestés, dont une mère qui avait déjà signalé ces agissements quelques mois plus tôt à la directrice de l’époque. Cette dernière avait trouvé l’histoire « floue », selon ses termes, mais avait néanmoins avisé la société qui employait le suspect en lui demandant expressément qu’il ne soit plus en contact avec les enfants de l’école. Cela ne l’avait pas empêché de reprendre son activité après une mise à pied de quelques semaines. Le loup était revenu dans la bergerie.

    L’enquête a révélé que plusieurs fillettes avaient été victimes des agissements de l’homme. Certains parents ont préféré ne pas déposer plainte pour préserver leurs filles et éviter de les traumatiser d’avantage avec un procès. Ils ont simplement retiré les enfants de l’école privée.



    Le 9 septembre 2022, l’homme de ménage était auditionné par les gendarmes. Il avait déjà été condamné pour des faits similaires il y a 20 ans et avait écopé à l’époque d’un an de prison ferme. Curieusement, cette condamnation ne figurait pas sur son casier judiciaire. Il a fallu les recherches plus poussées du procureur de la République chargé de l’affaire pour retrouver cette condamnation.

    Après avoir donné plusieurs versions fantaisistes, notamment qu’il avait dû oublier de remonter son pantalon en sortant des toilettes, le suspect finit par reconnaître l’évidence et ses actes : « Oui, j’ai fait le truc. Je suis conscient d’avoir fait une bêtise mais j’ai eu des pulsions ». L’examen psychiatrique de cet homme, dont l’intelligence, selon le médecin, se situe au-dessous de la normale, fait frémir. Son fantasme sexuel, et il l’avoue sans détour au psychiatre, serait de se masturber nu dans un lit, à côté d’une fillette dénudée pour le regarder.

    À la question du président de l’audience, Christophe Le Petitcorps « Êtes-vous attiré sexuellement par les petites filles ? », le quinquagénaire répond par l’affirmative, sans hésiter mais de manière très laconique. D’ailleurs il a déjà reconnu devant les gendarmes que cette attirance est ancienne, depuis son adolescence très exactement.

    Sa responsabilité est établie sans conteste, pas celle de l’école, qui avait avisé le diocèse et l’employeur du pédophile sans manifester son soutien aux parents et aux victimes. « Aujourd’hui, ce n’est pas le débat. Nous avons à juger une seule personne et on s’en tiendra à la procédure, aux faits », a prévenu le président dès le début de l’audience. Cela n’empêche pas l’une des mamans, qui a témoigné à la barre, de s’insurger. « Nous n’avons reçu aucun soutien de la part de l’école ou du diocèse. C’est nous qui avons prévenu tous les autres parents de ces agissements. »

    Même indignation du côté de Me Laëtitia Debuyser, l’avocate des parties civiles qui s’est montrée plus vindicative et plus directe. « La Justice et l’Éducation nationale sont deux institutions défaillantes qui n’ont pas su défendre ces petites filles. Si cet homme avait été sorti de l’école plus tôt, on aurait sûrement évité d’autres victimes. Mes clients avaient signalé les faits à l’école et au diocèse et on leur a vivement conseillé, de manière implicite, de ne rien faire. »

    « Il n’y a jamais eu une volonté de cacher cette affaire, a vivement réagi le procureur. Il n’y a pas eu d’omerta mais il existe le secret de l’instruction. La confidentialité de l’enquête a été respectée. » Il a requis un an de prison avec un sursis probatoire de deux ans, diverses obligations dont l’interdiction de travailler dans un lieu qui accueille des mineurs, des soins adaptés et son inscription sur le fichier des auteurs d’infractions sexuelles. Réquisitoire suivi par le président.

    Le quinquagénaire, désormais condamné, travaille toujours pour la même entreprise mais est exclusivement en contact avec des adultes. Il est reparti libre du tribunal, sans un mot pour la salle d’audience, sans excuses pour les parents de ses petites victimes, son visage ne trahissant aucune expression particulière.