Face aux occupations illégales par les gens du voyage à Toulouse, les élus demandent l’aide de l’État

Ce jeudi 19 septembre, les maires de plusieurs communes de Toulouse Métropole se sont réunis sur le site du cynodrome de Toulouse, fortement dégradé par une occupation illégale, pour soulever cette question délicate et avancer des pistes de solutions.

Situé dans le quartier de la Cépière, à Toulouse, ce cynodrome a été saccagé à la suite d'une occupation illégale démarrée le 14 juillet./LP/Paul Périé
Situé dans le quartier de la Cépière, à Toulouse, ce cynodrome a été saccagé à la suite d'une occupation illégale démarrée le 14 juillet./LP/Paul Périé

    « L’été a été cruel. Fin juillet, nous avons eu une nuit d’émeute et l’incendie de l’usine CSI et le cynodrome de Sesquières a été saccagé. » Face à ce constat, le maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole Jean-Luc Moudenc a tenu à faire le point sur les dégradations liées aux occupations illégales des gens du voyage et proposer des solutions à « une problématique qui a pris une ampleur considérable ».

    Sur le site du cynodrome, occupé normalement par le Club toulousain du lévrier de course et le Club des chiens actifs columérins, l’accès a été forcé le 14 juillet dernier. Meubles fracassés, débris de verre, excréments, vêtements abandonnés… Pour cet équipement métropolitain, les dégâts sont pour l’instant estimés par la collectivité entre 380 000 et 450 000 euros. Trois jours de nettoyage sont prévus à partir de ce lundi 23 septembre alors que les bureaux, espaces de stockage et la salle de contrôle ont été complètement ravagés.

    « Nous ne sommes pas ici pour stigmatiser une communauté », a d’abord tenu à souligner Jean-Luc Moudenc. « Nous stigmatisons des comportements inadmissibles. » Depuis quelques années, l’édile et ses collègues de la métropole toulousaine constatent une augmentation des occupations illicites. Et il donne des chiffres. En 2023, 101 ont été recensées sur l’ensemble du territoire métropolitain et douze seraient actuellement en cours. « Les rassemblements estivaux ont aussi pris une dimension nouvelle avec près de 700 caravanes et 2 000 personnes à Ramonville », a indiqué le président de Toulouse Métropole. Et selon lui, ces occupations s’accompagnent quasi systématiquement de nuisances, notamment environnementales.

    « Un sentiment d’abandon de l’État »

    Dès le 17 septembre, la préfecture de Haute-Garonne avait communiqué en rappelant que dans le département, « seulement 50 % des objectifs du schéma d’accueil des gens du voyage 2020-2025 sont atteints, qu’il s’agisse d’aires d’accueil ou d’aires de grands passages » avec par exemple trois aires de grands passages sur les six prévues. Jean-Luc Moudenc a lui retoqué que les élus locaux avaient « un sentiment d’abandon de l’État ». S’il souligne que le cadre juridique est contraignant et inadapté à la problématique, il pointe aussi un manque de volonté de la part de l’État. « Il y a beaucoup de colère des élus, des riverains… Pour nous, en plus des contraintes, cela a des conséquences financières. Il y a un sentiment d’impuissance des pouvoirs publics et d’impunités de ces gens-là, qui se retranscrit dans les urnes », analyse le maire de Toulouse, qui chiffre à 2,2 millions d’euros le coût de ces occupations illégales entre mi-2023 et mi-2024.



    Avec ses collègues élus de la métropole, Jean-Luc Moudenc demande donc une évolution du cadre légal et souhaite plus de fermeté de l’État, des délais de mise à exécution des évacuations plus courts, et des renforts de forces de l’ordre. Concernant le Schéma départemental, Karine Traval-Michelet, maire de Colomiers et vice-présidente de la métropole, a souligné que l’aire provisoire de grand passage de Blagnac n’a pas été occupée un seul jour cette année et que celle de Toulouse ne l’a été que trois semaines en cinq mois. « Quand les propositions d’aires d’accueil ou de grands passages ne sont pas acceptées, l’État doit être plus sévère en amont », estime-t-elle, souhaitant que les Français itinérants soient obligés de s’y rendre. « Comment voulez-vous que les gens acceptent d’accueillir une aire de grand passage quand ils voient les dégradations sur les terrains occupés illégalement ? »

    Chacun y allant de son exemple, tous les élus se sont accordés sur l’urgence de mettre en place un groupe de travail pour apporter des solutions, quitte à faire évoluer le cadre législatif…