Malakoff : l’agent d’entretien avait été écrasé par sa machine

Huit mois de sursis ont été requis contre son patron, jugé pour « homicide involontaire » ce lundi par le tribunal correctionnel de Nanterre. La machine n’avait plus de freins.

 L’accident a eu lieu en juillet 2013 dans un garage de Malakoff. La victime pilotait une machine autolaveuse dépourvue de freins. (Illustration).
L’accident a eu lieu en juillet 2013 dans un garage de Malakoff. La victime pilotait une machine autolaveuse dépourvue de freins. (Illustration). LP/Olivier Boitet

    « Très dangereux. A faire en urgence. » Ces six mots annotés sur le devis de réparation d'une machine autolaveuse n'ont pas suffi. L'engin est resté à disposition des agents d'entretien et un homme en est mort. Un homme qui avait 61 ans quand l'appareil est devenu incontrôlable et l'a écrasé. C'était le 5 juillet 2013 à Malakoff, dans un immense garage dont la victime était chargée de nettoyer le sol. Pour cet « homicide involontaire aggravé », son employeur était jugé ce lundi devant le tribunal correctionnel de Nanterre.

    A entendre le prévenu, un homme de 38 ans n'acceptant pas la responsabilité du drame, l'agent d'entretien a décidé tout seul d'utiliser cette machine qu'il savait pourtant dépourvue de freins. Le système était défectueux depuis des semaines. Le problème avait été signalé et le devis de réparation validé une semaine avant l'accident, avec la mention de l'urgence.

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    Pourtant, le 29 juin, un collègue de la victime a utilisé la machine, dont les clés étaient toujours disponibles. « C'est parce qu'on les laisse sur la machine pour la maintenance », se justifie le prévenu, arc-bouté sur sa version, malgré les questions incisives de la présidente. « Qu'avez-vous mis en place pour qu'elle ne soit pas utilisée ? » Répétée, la question n'a pas suscité de réponse claire.

    Des freins « complètement défectueux »

    Le matin du 5 juillet, l'agent d'entretien s'est installé au volant de l'autolaveuse pour aller nettoyer l'étage du garage. Dans la pente, la machine a reculé, l'agent a actionné les freins mais ils étaient « complètement défectueux », selon l'expert. L'autolaveuse a dévalé la pente, a heurté le mur, s'est renversée. Son conducteur est tombé pour se retrouver coincé entre la paroi et la machine. Hospitalisé dans un état grave, il est décédé trois semaines plus tard.

    Le père du prévenu, fondateur de l'entreprise familiale, a comparu lui aussi, en tant que représentant de la société. Pour ce sexagénaire assuré, point de faute non plus. « On est respectueux de notre personnel. On suit nos machines, celle-là l'était aussi. Il y avait un contrat de maintenance. »

    La procureur a requis 60 000 € d'amende contre la société. Et le remboursement des frais de justice, en l'occurrence de l'expertise judiciaire. A l'encontre du gérant de l'entreprise à l'époque du drame, elle a requis huit mois de prison avec sursis. Le jugement sera rendu le 26 novembre.