Bientôt des stations de métro sans agents ?
Une expérimentation sera menée d’ici la fin de l’année par la RATP sur la ligne 6 aux heures creuses, comme ce qui existe déjà dans les gares SNCF.
Bientôt des stations de métro et de RER sans agent aux heures creuses ? C'est ce que pourrait bien impliquer l'« accord-cadre sur les perspectives d'évolution du métier des agents au sein de la RATP.
D'ici la fin d'année, l'opérateur pourrait lancer une expérience : prendre les agents d'accueil de stations peu fréquentées pour former des équipes mobiles qui circuleraient là où le flux de voyageurs est plus important.
Ce test est permis, selon le document, grâce à deux nouveaux systèmes informatiques (Symphonie SAE et SSI). Ils permettent de libérer « progressivement les agents de certaines contraintes » - contrôle à distance des interphones ou encore des grilles par exemple - et ainsi « engager la réflexion sur d'autres manières d'organiser le service aux clients ». Le document indique qu'en 2019, la « ligne 3 sera la première à être intégralement équipée de Symphonie » et qu'une « expérimentation sur la ligne 6 » sera mise en œuvre d'ici la fin 2018 et fera l'objet « d'un bilan à six mois », notamment autour de la station Corvisart.
«Comment fera-t-on si on a besoin d'évacuer un train ?»
Mais à la CGT RATP, non-signataire de l'accord-cadre, on craint la réduction pure et simple du nombre d'agents. « Cette expérimentation pourra très bien être généralisée, c'est la suite logique, s'inquiète Frédéric Le Goff, élu CGT. On vient encore dégrader le service public, alors que la présence humaine est essentielle ». « Des gares sans agent, c'est une catastrophe, notamment en termes de sécurité, estime de son côté Hervé Techer, du syndicat Sud RATP, également non-signataire. Comment fera-t-on si on a besoin d'évacuer un train ? Ce que fait la RATP, c'est un plan social déguisé ».
Les élus parisiens ont déja montré leur opposition au projet. Un voeu, déposé par le groupe Communiste - Front de gauche, a été adopté. Il demande que la RATP « prenne ses dispositions pour garantir la présence d'agent(e) s pendant toutes les durées du service voyageur dans toutes les gares et les stations ».
Pour les élus parisiens, « la panne de la ligne 1 du métro, le 31 juillet dernier, a révélé l'importance d'avoir des agents qualifiés à bord du métro et dans les stations afin d'informer et de rassurer les passagers en temps réel. La présence humaine permet également d'offrir un meilleur service aux usagers en leur délivrant des informations rapides et fiables », ajoutant que c'est « un facteur de sécurité ».
La RATP, de son côté, ne conteste pas « réfléchir à la façon dont les agents peuvent évoluer. Nous savons que les clients sont satisfaits lorsque les agents viennent à leur rencontre de façon proactive ». Elle reconnaît une « expérimentation sur la ligne 6 pour étudier comment ils peuvent être mieux déployés. Mais les modalités ne sont pas définies et le nombre d'agents au contact du public ne sera pas réduit ». Quant à une expérimentation avec des équipes mobiles, tablettes à la main, passant d'une station à une autre, elle assure : « Rien n'est décidé ».
