Pluie en Île-de-France : pourquoi des routes se transforment en piscine

 Sur l'autoroute A1, ce dimanche. Les pluies abondantes ces derniers jours provoquent des inondations sur les routes et de belles frayeurs pour les automobilistes.
Sur l'autoroute A1, ce dimanche. Les pluies abondantes ces derniers jours provoquent des inondations sur les routes et de belles frayeurs pour les automobilistes. (LP/V.B.)

    Quelques heures de pluie et c'est toujours le même scénario : les routes franciliennes prennent l'eau. Ce lundi sous les averses n'a pas échappé à la règle. La ville de Paris a par exemple été contrainte de fermer quelques minutes, en plein après-midi, l'accès au périphérique depuis l'autoroute A4, car le tunnel de Bercy était inondé.

    Pratiquement tous les grands axes touchés. Autoroutes, nationales, bretelles d'accès : les exemples de routes inondées se multiplient, avec des conséquences importantes sur le trafic, obligeant les automobilistes à lever le pied. Voici une liste (non exhaustive) des points noirs constatés ces trois derniers jours : l'A 1 entre Paris et Roissy, dans les deux sens (plusieurs zones inondées), l'A3 depuis Bagnolet, l'A4 à Bercy, l'A86 à Saint-Denis ou Vitry, l'A 6 à Wissous, l'A115 et l'A15, ou encore la Nationale 3 vers Claye-Souilly.

    Le tunnel donnant accès à l'A86 depuis Saint-Denis Pleyel est régulièrement gorgée d'eau. (LP/E.B.)

    Les automobilistes surpris ou en colère. « Samedi après-midi, entre l'A1 et la N3, c'était l'horreur ! On roulait à 50 km/h. Les gens, disciplinés et plutôt prudents, mettaient les feux de détresse à l'approche de toutes les « piscines ». On roulait au milieu sur l'A1 car la voie de gauche et la voie de droite étaient impraticables», témoigne Marine. Les effets collatéraux de ces flaques d'eau font aussi craindre le pire. « J'ai pris de l'eau par une voiture sur le côté sans rien voir pendant quelques secondes », raconte Michael, encore surpris par cette expérience « un peu flippante » sur l'A3 dimanche.

    Même frayeur pour Christine, sur l'A15 : « le macadam n'absorbe pas l'eau, des énormes gerbes provenant des voitures venant en sens inverse viennent s'écraser sur les véhicules et les motos. Il m'est arrivée de me retrouver sous l'une d'entre elles, pendant plusieurs secondes, sans visibilité. » Des inondations qui étonnent Franck, 44 ans, qui travaille à Roissy : « J'ai beaucoup de collègues expatriés, venant de Grande-Bretagne, qui sont très surpris par la qualité des infrastructures routières ici. Chez eux il pleut plus souvent, et les routes sont sèches... »

    Les déchets, la cause principale. En charge des 1 300 km de voies du réseau national dans la région, la Direction des routes d'Ile-de-France (Dirif) est « sur le pied de guerre », assure son directeur, Eric Tanays. Le phénomène est malheureusement bien connu : un amoncèlement de feuilles et déchets divers emportés par l'eau vient boucher les « avaloirs », ces puits d'évacuation vers le réseau souterrain. Dans ce cas, il faut envoyer des équipes, dans des conditions difficiles, déboucher ces axes, et, si besoin, faire appel à un camion de pompage. «Probablement que l'entretien des avaloirs n'est pas fait à un rythme suffisant, reconnaît Eric Tanays, mais nous intervenons dans la mesure de nos moyens. »

    La solution des « enrobés draînants », ces routes plus perméables, est en passe d'être abandonnée car ce type de chaussée se détériore très vite avec le gel. Toutes les routes seront toutefois à nouveau praticables ce mardi, assure Eric Tanays, qui appelle aussi les automobilistes jetant leurs déchets sur la route à plus de civisme.