Les RER A, B et D paralysés dans Paris jeudi à cause d’une fuite d’eau à Châtelet

    À la suite d’une rupture de canalisation qui a endommagé un local technique de signalisation à Châtelet-Les Halles, le trafic des RER A, B et D a été totalement interrompu depuis midi dans Paris intra-muros ce jeudi, créant une vaste pagaille s’étendant au-delà de la capitale.

      Impossible de traverser Paris en RER (sauf par la ligne C), à partir de midi ce jeudi. En cause : un incident technique, survenu dans un local abritant des équipements de signalisation dans la gare de Châtelet-les-Halles… où se croisent les lignes de RER A, B et D, qui ont toutes les trois dû être coupées dans la partie centrale de leur tracé.

      L’incident en question (une rupture de canalisation ayant entraîné une importante fuite d’eau) a endommagé les systèmes de signalisation. Par mesure de sécurité, la circulation des trains a rapidement été interrompue entre Nation et Auber pour le RER A, entre la station Luxembourg et Gare-du-Nord pour le RER B et entre Gare-de-Lyon et Gare-du-Nord pour la ligne D (gérée par la SNCF).

      « L’origine des pannes a été très vite identifiée. Des équipes techniques sont sur place pour tenter de rétablir le trafic », indiquait la RATP (gestionnaire de l’infrastructure de Châtelet) en milieu d’après-midi sans pouvoir préciser l’heure estimée de reprise des circulations normales sur les différentes lignes concernées.

      Plus de 70 agents de station ont été envoyés en renfort à Châtelet pour renseigner les voyageurs et canaliser les flux d’usagers privés de RER, notamment sur les quais bondés. L’offre de métro a été renforcée sur les lignes automatiques 1 (qui dessert les mêmes secteurs que le RER A dans Paris) et 14 ainsi que sur la ligne 4 (en cours d’automatisation) qui traverse Paris du nord au sud, pour faire face à la charge supplémentaire de voyageurs.

      « On arrive dans la zone de combats… Bonne chance ! »

      Car la rupture de canalisation a suscité une vraie pagaille parmi les milliers de passagers impactés. « J’ai mis plus 50 minutes pour aller de Montparnasse à la gare de l’Est entre 18h20 et 19 heures, témoigne Hugo, un quinquagénaire en congé ce jeudi, et encore j’ai eu de la chance car ma rame était si bondée qu’à la plupart des stations, personne ne pouvait monter. Au fil des arrêts, de plus en plus de monde sur le quai nous regardait, serrés dans la rame, portes ouvertes, durant de nombreuses minutes sans rien pouvoir faire. Au fur et à mesure des stations les passagers s’agaçaient à chaque fois que des impatients tentaient de monter sans laisser descendre, avec quelques insultes au passage. A l’approche de Châtelet, le conducteur a lancé : On arrive dans la zone de combats… Bonne chance ! Et paradoxalement, c’est à Châtelet que l’arrêt a été le plus bref ! », s’étonne-t-il.

      Si le trafic a repris progressivement sur le RER A à partir de 17 heures, le retour à « l’offre de transport nominale » (c’est-à-dire, le nombre de trains normalement prévus un jeudi en début d’heure de pointe du soir) n’est intervenu que bien plus tard, laissant de nombreux usagers dans l’incertitude et la colère. Le RER B a, lui aussi, rouvert (très partiellement) à partir de 17 heures mais sans interconnexion entre les branches sud et nord de la ligne (respectivement gérées par la RATP et la SNCF).

      La situation restait chaotique après la reprise du trafic

      Malgré la reprise du trafic, effective sur les trois lignes de RER à partir de 19 heures pour le pic de la pointe du soir, la situation restait très chaotique dans toutes les zones du hub de Châtelet-les-Halles envahi par des milliers de voyageurs à la recherche d’informations sur les lignes ouvertes ou fermées. Et beaucoup ne cachaient pas leur exaspération. « Mais, j’en ai marre. C’est tous les jours la m…. » soupirait Nolwenn, une jeune femme domiciliée en Seine-Saint-Denis, qui se disait à bout de fatigue après cet « incident de trop ».

      Et les nombreux « gilets verts » de la RATP, dont certains munis de bâton lumineux, mobilisés pour canaliser la foule, avaient bien du mal à fluidifier les circulations. Particulièrement dans les couloirs de liaison entre la zone RER des Halles où tous les portiques d’accès avaient été ouverts ainsi que la zone métro de Châtelet.

      Des embouteillages dans les couloirs

      « En raison d’une très forte affluence vers les métros 7 et 11 et sur les tapis roulant, empruntez la sortie Marguerite de Navarre et rejoignez les métros par les voies extérieures », répétaient en boucle les annonces diffusées en station… sans parvenir à éviter des « embouteillages de piétons » dans les couloirs.

      Dans la foule, entre énervement et résignation, certains préféraient attendre leur train sur place jusqu’à 20 heures. D’autres optaient pour quitter les sous-sols du RER et du métro pour partir, en surface, à la recherche d’un hypothétique taxi ou Uber afin de rentrer chez eux.

      Même affluence record sur les quais de la ligne B où les trains qui défilaient au rythme d’une rame toutes les 2 ou 3 minutes ne suffisaient pas à résorber la foule. « Je vais peut être en laisser passer quelques-uns pour éviter la cohue… Mais je ne suis pas encore rentré chez moi », se désolait Matthieu, un cadre domicilié à Saint-Denis, en regrettant d’avoir choisi le RER pour ses déplacements du jour.

      « Je préfère encore pédaler sous la pluie que de subir ça »

      « Depuis un an, je me déplace plutôt à vélo. Mais ce matin comme la météo était incertaine, je l’ai exceptionnellement laissé au garage… Je ne le referai plus. Je préfère encore pédaler sous la pluie que de subir ça », lâchait-il au milieu du quai bondé.

      La reprise de la circulation des rames entre Châtelet et Gare-du-Nord ne devait intervenir qu’après 19h30. Côté RER D, la SNCF prévoyait un trafic perturbé sur la ligne toute la soirée. Ce jeudi en fin de journée, une trentaine de « mainteneurs » de la RATP étaient toujours à pied d’œuvre pour remettre en état les installations électriques du local technique inondé six heures plus tôt.