Corée du Sud : la Chine s'oppose au déploiement du bouclier antimissiles US

L'armée américaine a déployé un système de défense THAAD près de la capitale Séoul face aux menaces de frappes nucléaires répétées du régime de Pyongyang. 

Image fournie par le Pentagone du lancement-test d'un missile d'interception du système THAAD sur une île du Pacifique. 
Image fournie par le Pentagone du lancement-test d'un missile d'interception du système THAAD sur une île du Pacifique.  AFP PHOTO / DoD / Ben Listerman

    Le territoire de la Corée du Sud bénéficie maintenant de la protection d'un bouclier antimissile THAAD, déployé par les Etats-Unis en réponse aux essais de missiles de la Corée du Nord. Le système de défense THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) «est opérationnel et a la capacité d'intercepter les missiles nord-coréens et de défendre la république de Corée», a confirmé le Colonel Rob Manning, porte-parole des forces américaines en Corée du Sud. Une autre responsable américain indique toutefois, sous couvert d'anonymat, que la batterie antimissile déployée n'a atteint que «sa capacité initiale d'interception».

    Peu après cette annonce, la Chine a demandé que ce déploiement soit suspendu. «Nous sommes opposés au déploiement du sytème Thaad en Corée du Sud. Nous appelons les parties en présence à arrêter ce déploiement immédiatement et nous prendrons fermement les mesures nécessaires pour défendre nos intérêts», a déclaré devant la presse le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang.

    La Chine est furieuse de l'arrivée de THAAD en Corée du Sud. Elle considère que le puissant radar du système est susceptible de réduire l'efficacité de ses propres systèmes de missiles, en permettant aux Américains de mieux les surveiller. La Chine a adopté une série de mesures contre la Corée du Sud, apparemment en représailles. Elle a notamment interdit aux groupes de touristes chinois de se rendre en Corée du Sud, plombant l'industrie locale du tourisme avec une chute de 40% du nombre de touristes chinois en mars.

    Le porte-parole chinois s'est en revanche montré encouragé par les propos du président américain Donald Trump, qui s'est dit prêt lundi à rencontrer le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un «si les conditions étaient réunies». «Nous avons pris note des déclarations de la partie américaine et des signaux positifs qu'elles transmettent», a assuré Geng Shuang. «La priorité urgente est de prendre des mesures pour faire tomber la tension. Et l'une des mesures efficaces pour ce faire est de reprendre les négociations de paix», a-t-il ajouté.

    Des missiles déployés sur un ancien terrain de golf

    Le déploiement du système, sur un ancien terrain de golf à 250 kilomètres au sud de la capitale sud-coréenne, a été décidé par Séoul et Washington en juillet, suite aux essais de missiles à répétition de Pyongyang. Il doit permettre de mieux protéger le territoire sud-coréen au cas où le régime de Pyongyang déciderait de l'attaquer avec ses missiles balistiques. Le système THAAD tire des missiles conçus pour intercepter et détruire des missiles balistiques, alors qu'ils sont encore juste à l'extérieur de l'atmosphère ou qu'ils viennent d'y entrer, durant leur dernière phase de vol.

    Washington et Séoul sont liés par un traité de sécurité depuis la guerre de Corée (1950-53) et plus de 28.000 soldats américains sont déployés au Sud. Selon les experts, cette unique batterie THAAD ne suffit pas à protéger tout le territoire sud-coréen, car il en faudrait deux ou trois pour y parvenir. Mais elle change tout de même l'équilibre stratégique entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, limitant le pouvoir de destruction de la première.

    «Ce n'est pas l'arme absolue, ça n'existe pas, mais cela apporte une protection cruciale pour les troupes (américaines et sud-coréennes dans la péninsule)», «renforçant la dissuasion et la posture défensive (de ces troupes)», explique Thomas Karako, expert en défense antimissile du cercle de réflexion CSIS à Washington. «Même une défense antimissile limitée a un effet stratégique», souligne-t-il.

    VIDEO (le 7 mars). Washington déploie le bouclier antimissiles THAAD

    Le financement du système THAAD a été l'objet d'une mini-polémique la semaine dernière entre l'administration américaine et la Corée du Sud. Donald Trump a estimé qu'il serait «approprié» que la Corée du Sud paye pour ce système, dont le coût est estimé à un milliard de dollars, mais Séoul a balayé sa demande.

    VIDEO (le 28 avril). Corée du Nord : la Chine met en garde contre le recours à la force