Coronavirus : l’Équateur débordé, des centaines de cadavres recueillis dans des logements

Près de 800 cadavres ont été recueillis dans des habitations privées de Guayaquil par la police et l’armée afin d’endiguer la pandémie.

    Guayaquil, la capitale économique de l'Équateur, est devenue l'une des villes d'Amérique du sud les plus touchées par la pandémie de coronavirus. Sa province recense 73 % des 7 500 cas officiels que compte le pays. « Nous voyons tomber nos morts en silence chaque jour, résume Cynthia Viteri, maire de la cité de 2,2 millions d'habitants, qui borde l'océan Pacifique. Ici, ce n'est pas seulement le système sanitaire qui s'est effondré, mais aussi les services funéraires et les morgues ».

    Depuis trois semaines, pour faire face au débord de ces services, l'armée et la police ont été mobilisées. Le but : récupérer les très nombreux cadavres conservés dans des logements privés en attente d'inhumation. À Guayaquil, ce sont près de 800 cadavres qui ont été recueillis par cette force spéciale, sans que soient précisées par les autorités les causes de ces décès.

    VIDÉO. L'Équateur ne parvient plus à enterrer ses morts du Covid-19

    Confrontés à cette situation terrible, les habitants ont diffusé sur les réseaux sociaux des vidéos de corps abandonnés dans les rues et des appels au secours de familles voulant enterrer leurs morts. Le gouvernement équatorien a pris en charge les inhumations devant l'impossibilité des proches d'y procéder pour diverses raisons, notamment financières.

    15 heures par jour de couvre-feu

    Elles se déroulent sans la présence de proches des victimes, et les noms des défunts figurent sur un portail électronique créé par le gouvernement pour que les proches sachent où leurs morts sont enterrés. Des personnes habitant près du cimetière de Pascuales ont mis en ligne des vidéos qui montrent des camions remorquant des conteneurs frigorifiques entrant sur le site, escortés par des policiers.

    631 autres cadavres ont été recueillis dans les hôpitaux de Guayaquil. Et le pire est à venir : les autorités de ce petit pays de 17,5 millions d'habitants prévoient jusqu'à 3 500 morts du Covid-19, uniquement dans la province du Guayas. Un couvre-feu de 15 heures par jour y est imposé aux habitants. Mais malgré les militaires déployés dans les rues, il est fréquent d'y voir des vendeurs ambulants, sans masque, et des files d'attente devant les commerces, sans la distanciation recommandée.

    Très critiqués, le gouvernement du président Lenin Moreno et les autorités locales ont admis de graves failles. La maire Cynthia Viteri, elle-même contaminée et qui s'en est remise, a reconnu la culpabilité de « tous ».

    AFP/J.Sanchez
    AFP/J.Sanchez Le Parisien avec AFP