Liban : pourquoi les membres du Hezbollah utilisent-ils des bipeurs pour communiquer ?

Les membres du Hezbollah privilégient les bipeurs, des appareils de basse technologie, pour communiquer. Ils espèrent ainsi éviter les cyberattaques et la géolocalisation.

    Des morts, des blessés et des questions. Mardi, des centaines de bipeurs appartenant à des membres du Hezbollah ont explosé simultanément, au Liban et, dans une moindre mesure, en Syrie. Le bilan fait état de douze morts et plus de 2 800 blessés, selon le ministère de la Santé libanais et l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

    Voilà des années que le mouvement islamiste libanais, soutenu par l’Iran et considéré comme terroriste par de nombreux pays, s’est détourné des téléphones portables, leur préférant les bipeurs (ou pagers) pour communiquer.

    Comme le rappelle la BBC, dès 1996, la mort de l’un des principaux artificiers du Hamas, Yéhia Ayache - dont les engins avaient été utilisés dans une série d’attentats suicides contre Israël - dans l’explosion de son téléphone piégé avait incité les organisations islamistes de la région à la méfiance.

    Éviter les assassinats ciblés

    Les bipeurs, à la technologie bien moins avancée puisqu’ils fonctionnent grâce aux ondes radios, plus basses que celles des mobiles, sont largement utilisés par les membres du Hezbollah pour communiquer et ce pour plusieurs raisons.



    D’abord, pour éviter que les services secrets israéliens n’interceptent leurs communications ou qu’ils piratent les téléphones, comme nous l’expliquions dès mardi soir. Mais aussi afin qu’ils ne puissent pas géolocaliser les membres de l’organisation chiite libanaise, évitant ainsi les risques d’assassinats ciblés. Depuis des mois, Israël est parvenu à éliminer des responsables militaires du Hezbollah dont ils connaissaient la localisation. Selon RFI, grâce aux renseignements humains sur le terrain, mais aussi aux avancées technologiques, dont la surveillance des téléphones mobiles de ceux qui en utilisent encore.

    Pour autant, le recours aux bipeurs n’a pas empêché les membres du Hezbollah d’avoir été frappés au cœur. Selon une ancienne analyste de la CIA, interrogée par la BBC, les faits de mardi traduisent d’ailleurs une très grosse faille de sécurité pour le groupe islamiste libanais. Car le New York Times rapporte que plus de 3 000 exemplaires d’une même commande de bipeurs, essentiellement du modèle AR924, ont été commandés en même temps par le Hezbollah. Le média américain estime que les services israéliens sont parvenus à infiltrer la chaîne logistique pour planifier cette attaque. Pour l’heure, Israël n’a pas commenté les explosions.