«Otages» pour Paris, «espions » pour Téhéran : ce que l’on sait des deux Français détenus en Iran

Deux Français, une enseignante et son conjoint, venus faire du tourisme en Iran, avaient été arrêtés en mai dernier. Il leur était reproché de vouloir porter «atteinte à la sûreté du pays». Le Quai d’Orsay réclame leur libération.

Cécile Kohler et Jacques Paris ont été arrêtés en Iran le 11 mai. (Illustration) REUTERS/Leonhard Foeger/File Photo
Cécile Kohler et Jacques Paris ont été arrêtés en Iran le 11 mai. (Illustration) REUTERS/Leonhard Foeger/File Photo

    Aveux pour les uns, mise en scène pour les autres. Ce jeudi, la chaîne de télévision iranienne al-Alam a diffusé une vidéo montrant deux personnes, parlant français, qui assurent être des agents de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure). Ils se présentent comme étant Cécile Kohler et Jacques Paris, des Français arrêtés en Iran en mai dernier.

    Que montre la vidéo ?

    Dans un montage vidéo, diffusé ce jeudi sur le site d’al-Alam (la chaîne arabophone de la télévision officielle), une femme portant un voile bleu à fleurs et s’exprimant en français affirme s’appeler Cécile Kohler et être agent de renseignement opérationnel à la DGSE, le service de renseignement extérieur français.

    Elle explique être en Iran « pour préparer les conditions de la révolution et du renversement du régime iranien islamiste ». Toujours selon ses déclarations, elle et son compatriote, présenté comme Jacques Paris, devaient financer des grèves et des manifestations et même utiliser des armes « pour se battre contre la police ». L’homme, qui s’exprime lui aussi en français et dit être Jacques Paris, dévoile de son côté que les objectifs de la DGSE « étaient de faire pression sur le gouvernement » iranien.

    Que sait-on de cette vidéo ?

    Impossible, pour l’heure, de savoir dans quelles conditions a été enregistrée cette vidéo, qui survient sur fond d’une vague de manifestations en Iran déclenchées le 16 septembre par la mort d’une jeune femme, Mahsa Amini, après son arrestation par la police des mœurs.

    Mais ce n’est pas la première fois que la télévision iranienne montre des « aveux » de détenus. Par le passé, elle a notamment diffusé ceux du journaliste de Newsweek Maziar Bahari, qui avait ensuite affirmé dans un livre avoir été forcé, lors de sa détention en 2009, de les faire.

    Selon la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et Justice for Iran (JFI), basée à Londres, des victimes de ces « aveux » disent avoir été « soumises à des actes de torture et à des mauvais traitements pour les forcer à avouer des faits (souvent faux) devant la caméra ».

    Qui sont Cécile Kohler et Jacques Paris ?

    Cécile Kohler, âgée de 37 ans, est une professeure de français, membre du syndicat d’enseignants Fnec FP-FO. Jacques Paris, son conjoint, est âgé de 69 ans selon L’Indépendant. Tous deux s’étaient rendus en Iran en mai dernier, pour les vacances de Pâques, dans un but touristique. Ils ont été arrêtés le 11 mai et sont détenus depuis cette date.

    Que leur est-il reproché ?

    Deux mois après leur arrestation, en juillet dernier, Téhéran a fini par expliquer que les deux Français étaient accusés « d’atteinte à la sûreté du pays ». Il leur est reproché d’être entrés dans en Iran pour « déclencher le chaos et déstabiliser la société », alors que le pays était le théâtre de manifestations d’enseignants qui réclamaient des réformes pour une revalorisation de leurs salaires et appelaient à la libération de collègues arrêtés lors de précédentes mobilisations. Paris avait rapidement dénoncé une arrestation « sans fondement ».

    Quelles sont les réactions ?

    Ce jeudi, le ministère des Affaires étrangères a évoqué « une mise en scène indigne, révoltante, inacceptable et contraire au droit international », avec des aveux « extorqués sous la contrainte » et sans « aucun fondement ». « Cette mascarade révèle le mépris de la dignité humaine qui caractérise les autorités iraniennes », a ajouté le Quai d’Orsay dans une déclaration, réclamant la « libération immédiate » des deux Français.

    Cécile Kohler et Jacques Paris « sont détenus arbitrairement (…), et constituent à ce titre des otages d’État », a insisté le ministère qui indique que la France tient « les autorités iraniennes pour responsables de leur sort et de leur traitement, comme de tous les ressortissants français détenus arbitrairement en Iran en ce moment ».